Tracer les contours de la déraison (les représentations de la folie au Moyen Âge)

De nombreux lieux communs pèsent sur le concept de folie au Moyen Âge. On imagine volontiers que les fous étaient alors exclusivement des possédés à exorciser, faisant face à une médecine impuissante. Un autre écueil consiste à penser que la société ne se souciait pas des fous et qu ils pouvaient évoluer parmi les hommes, dans l indifférence, faisant alors de l époque médiévale une sorte d âge d or de la folie. A la lumière de travaux historiques récents, la réalité apparaît bien plus complexe, et, certains de ses aspects demeurent difficiles à cerner. Retracer l histoire de la folie implique de croiser l histoire sociale, culturelle et religieuse, mais aussi celle de la médecine, et celle du droit. Au début du Moyen Âge, la folie est considérée d origine surnaturelle , le fou oscille alors sans cesse entre le Bien et le Mal, il est à la fois le possédé, le pécheur, l élu de Dieu, le fou de Dieu. Le renouveau scientifique qui marquera le Moyen Âge classique, loin de supplanter cette première approche, donnera naissance au concept de folie naturelle . La société portera sur la folie un regard complexe, ambigu et parfois paradoxal, entre bienveillance et rejet, en lien avec les mentalités de l époque, terrifiées par la peur du jugement dernier et malmenées pas les catastrophes qui marqueront la fin du Moyen Âge. Le concept de folie apparaît ainsi comme mouvant et polymorphe, peu aisé à circonscrire. Le cas du roi Charles VI roi fol et bien-aimé qui, malgré la pathologie mentale chronique dont il souffrait fut aimé de son peuple et figure parmi les règnes les plus longs de l histoire de France, permet d illustrer cette complexité.DIJON-BU Médecine Pharmacie (212312103) / SudocSudocFranceF