Quand le conte va à la rencontre de l'anorexie mentale (réflexion autour d'un atelier conte, dans un service de psychiatrie adulte spécialisé dans les troubles alimentaires)

La période d'adolescence est un passage, plus ou moins douloureux et tumultueux, vers l'âge adulte. Pour les jeunes filles souffrant d'anorexie mentale, ce chemin rencontre des obstacles longtemps infranchissables, en partie parce que la différenciation sexuelle et la séparation-individuation par rapport aux parents, qui l'accompagnent, ne sont pas encore mentalisables. A partir de l'histoire de Blanche-Plume, jeune patiente souffrant de troubles alimentaires, nous proposons une réflexion psycho-dynamique sur l'apport d'un atelier conte, vis-à-vis des conflits psychiques et des angoisses archaïques qui hantent les anorexiques. En effet, le cadre analytique classique butte sur la faiblesse d'élaboration et d'association de ces patientes, et sur la pauvreté de leur capacité de rêverie. Les contes de fées, fruits de l'héritage culturel des générations successives, et porteurs de l'inconscient collectif, pourraient mettre symboliquement en scène ces conflits. le conte pourrait être un outil précieux pour éveiller la curiosité, stimuler la créativité si pauvre de nos patientes, et ainsi faciliter les autres psychothérapies en cours. L'expérience d'un atelier conte chez des adolescentes anorexiques, nous montre comment l'élaboration psychique peut renaître, grâce au portage du conteur et du groupe. A la fois espace ludique transitionnel et porte d'entrée vers le rêve, l'atelier conte permet de réinsuffler du vivant, chez des patientes incarnant, au sens littéral, la mort.LILLE2-BU Santé-Recherche (593502101) / SudocSudocFranceF