Territoires, identités : les mythes d’Âge d’Or et d’Unité dans les rêves de Grand Pays basque et de Grande Catalogne

15 p.L'histoire structuraliste des sociétés montre qu'en phase de crise politique, l'imaginaire collectif réactive quatre mythes récurrents, la Conspiration, le Sauveur, l'Âge d'Or et l'Unité. En Espagne, ces deux dernières chimères mobilisèrent les irrédentistes catalans et basques en tant que projets de recomposition de territoires où ancrer l'identité menacée par le décentrement. Si les uns réclamaient la fédération multinationale, alors que les autres visaient la sécession, ces deux régionalismes revendiquaient la reconnaissance de leur spécificité identitaire, distincte de la culture de l'État-nation en place. Bien que d'innombrables chercheurs se soient penchés sur le phénomène de ces nationalismes alternatifs, le présent article n'a nullement pour objet d'en épuiser la complexité, mais de n'aborder que les songes d'une quinzaine d'auteurs, qui, en particulier dans la seconde moitié du XIXe siècle, rêvèrent d'élargir les frontières basques ou catalanes afin que ces zones recouvrent leurs passés mythiques d'unité ethno-linguistique. Les premiers écrits de ces douze Basques, dont trois Français, et de ces quatre Catalans, commencèrent à paraître en 1808, lorsque les troupes napoléoniennes s'apprêtaient à franchir les Pyrénées, et continuèrent à être publiés jusqu'en 1977, quand un régime de préautonomie fut instauré dans les Communautés espagnoles de Catalogne et du Pays Basque