Paludisme gestationnel chez la femme enceinte infectée par le vih en zone de transmission stable et intense du Sud Bénin (incidence et facteurs associés aux épisodes fébriles d'origine palustre, morbidité maternelle attribuable)

Paludisme et infection par le VIH sont deux causes majeures de morbi-mortalité chez la femme enceinte en Afrique subsaharienne. Si le retentissement fœtal et néonatal de la co-infection Plasmodium falciparum VIH est établi, la morbidité maternelle attribuable au paludisme gestationnel en contexte d infection par le VIH reste méconnue. Nous avons mené une étude de cohorte afin d estimer le taux d incidence et déterminer les facteurs associés aux épisodes fébriles d origine palustre ainsi que la morbidité maternelle attribuable au paludisme gestationnel en zone de forte transmission du Sud Bénin chez la femme infectée par le VIH. 432 participantes à un essai randomisé de prévention du paludisme gestationnel (PACOME) et 174 femmes ayant bénéficié de la prise en charge courante dans les mêmes centres ont été incluses. Le taux d incidence des épisodes fébriles d origine palustre confirmée était respectivement de 127,9 pour 1000 personnes-année (PA) (intervalle de confiance à 95 % [IC] : 77,4-211,2) dans l échantillon PACOME et de 100,4 pour 1000 PA (IC : 60,9-165,5) dans l échantillon complet. En analyse multivariée, les lymphocytes CD4 (pour 50 cellules / mm3 Risque Relatif [RR] = 0,82 ; IC : 0,71-0,96), la prise d antirétroviraux dès le début de la grossesse (RR = 0,34 ; IC : 0,12-0,98) et les antécédents de paludisme symptomatique en début de grossesse (RR = 7,10 ; IC : 2,35-22,49) étaient associés à la survenue d un épisode fébrile d origine palustre confirmée ou présumée dans l échantillon PACOME. La fraction des épisodes fébriles attribuables à l infection par Plasmodium falciparum était de 91,0 % chez les gestantes parasitémiques de l essai PACOME dont plus de la moitié déclarait la présence d au moins un symptôme. Ce travail souligne l importance de la morbidité maternelle attribuable au paludisme chez les gestantes infectées par le VIH, le rôle déterminant de l immunodépression et l intérêt potentiel de l instauration précoce d un traitement antirétroviral.Malaria and infection by HIV are two major causes of morbidity and mortality among pregnant women in Sub-Saharan Africa. Fetal and neonatal outcomes of this co-infection have been extensively studied. However, maternal morbidity due to malaria during pregnancy remains largely unknown. We carried out a cohort study in order to estimate the incidence rate and determine the factors associated with malaria fever as well as the morbidity attributable to malaria in a high transmission setting of South Benin among HIV-infected pregnant women. 432 women who participated in a malaria in pregnancy prevention randomized trial (PACOME study) and 174 women who were routinely followed-up in the same hospitals, with standard-of-care based on the most recent recommendations, were included. Incidence rates for confirmed malaria fever were respectively of 127,9 per 1000 person-year (PY) (95 % confidence interval [CI]: 77,4-211,2) in PACOME sample and of 100,4 per 1000 PY (CI: 60,9-165,5) in the whole sample. In multivariate analysis, CD4 lymphocytes (for 50 cells / mm3 Relative Risk [RR] = 0,82; CI: 0,71-0,96), antiretroviral treatment since the beginning of the pregnancy (RR = 0,34; CI: 0,12-0,98) and history of symptomatic malaria in early pregnancy (RR = 7,10; CI: 2,35-22,49) were associated with the incidence of confirmed or presumed malaria fever in the PACOME sample. 91.0 % of the febrile episodes were attributable to malaria in PACOME study participants with parasitemia, more than a half of whom reported at least one symptom. Our work highlights that malaria is responsible for a high morbidity in HIV-infected pregnant women, with cellular immunodepression as a major determinant, and the possible advantage offered by the early initiation of antiretroviral treatment.BORDEAUX2-BU Santé (330632101) / SudocSudocFranceF