Suivi à long terme de la chirurgie conservatrice de la valve mitrale (expérience rouennaise de 2001 à 2011)

L'insuffisance mitrale est la deuxième valvulopathie la plus opérée en Europe. La plastie mitrale en est le traitement de choix. But de l'étude : Etudier le taux de ré-intervention, le taux de survie à long terme, et les facteurs prédictifs d'échec de la chirurgie conservatrice de la valve mitrale Matériel et Méthode : Nous avons réalisé, au sein du service de chirurgie cardiaque du centre hospitalier universitaire de Rouen, une étude rétrospective du 1er janvier 2001 au 31 décembre 2011, avec inclusion de toutes les plasties mitrales successivement réalisées durant cette période, quelle que soit l'étiologie de la fuite mitrale. L échec de la réparation nécessitant un remplacement valvulaire mitral durant la même procédure constituait l unique critère d exclusion. Résultats : Durant cette décennie, 426 patients consécutifs ont été opérés d une plastie mitrale dans le service. Parmi eux, il y avait 137 femmes (32%) et 289 hommes (68%), avec un âge moyen de 62 +- 13 ans ; 93 patients (22%) étaient symptomatiques avec une dyspnée stade 1 de la NYHA, 157 en stade 2 (37%), 150 en stade 3 (36%) et 20 patients (10%) dyspnéiques au moindre effort. La fuite mitrale était sévère, supérieure ou égale au grade 3 échocardiographique, dans 95% des plasties ; 25 patients ont bénéficié d une plastie mitrale en urgence. L étiologie principale des régurgitations était l atteinte dégénérative retrouvée chez 350 patients soit 82% de la population. Une endocardite était rapportée chez 21 patients, soit 5% de la population, une dilatation significative de l anneau dans 21 cas de plasties, et 26 patients ont été opérés d une IM fonctionnelle ischémique. Seuls 8 cas de plasties sur valve mitrale rhumatismale ont été retrouvés. Les deux techniques les plus utilisées étaient la résection quadrangulaire de la petite valve (RQPV) et le recours aux néocordages, respectivement dans 193 cas pour la RQPV (45%), et chez 207 patients pour les néocordages (48,5%). La mortalité hospitalière était de 1,2%. Sur les 426 patients étudiés, une ré-intervention fût nécessaire chez 25 patients soit 6,1% de la population. Le taux de succès de la plastie était de 88,3% et le nombre moyen d années sans ré-intervention était de 11,5 années IC95% [11,2- 11,8]. Sur le suivi à long terme, un total de 39 décès (10%) a été retrouvé à la fin des 10 années de suivi. La survie était en moyenne de 10,8 années IC95% [10,4-11,3] et le taux de survivants à 10 ans de suivi était de 78,5%. Les deux facteurs prédictifs de ré-intervention retrouvés dans notre étude étaient, d une part l atteinte dégénérative de la valve antérieure (OR=3,4 IC95% [1,05-9,8] ; p=0,02), et, d autre part, la présence d une fuite mitrale au moins grade 2 sur l échocardiographie réalisée à la sortie (OR=6,7 IC95% [2-22] ; p=0,001). Conclusion : L'expérience rouennaise confirme que la plastie mitrale est une technique chirurgicale efficace et sûre dans le traitement des fuites mitrales sévères.ROUEN-BU Médecine-Pharmacie (765402102) / SudocSudocFranceF