Déterminants de la consommation au long cours d'une benzodiazépine hypnotique chez les personnes âgées (une étude qualitative)

Les effets secondaires des benzodiazépines (BZD) sont bien connus : majoration du risque de chute, amnésie antérograde, dépendance physique et psychologique. Des études récentes suggèrent l'existence d'un lien entre l'usage à long terme des BZD et un risque accru de démence. Malgré la multiplication des plans d'action des autorités de santé la consommation de BZD en France ne diminue pas. 80% des patients de plus de 70 ans utilisent des BZD hypnotiques plus de trois mois. Cette étude vise à explorer les déterminants de la consommation au long cours de BZD à visée hypnotique, chez les plus de 65 ans. Etude qualitative par entretiens individuels semi-directifs auprès de 14 patients de plus de 65 ans. Une analyse thématique a été menée sur la totalité du verbatim retranscrit. Un événement de vie marquant (deuil, séparation) rend légitime la demande de première prescription de BZD. La poursuite au long cours de la consommation s'appuie sur les nombreux bénéfices ressentis et sur une relation particulière avec le médecin traitant caractérisée par la passivité et le déni. La prise du médicament est ritualisée et banalisée par les patients. Certains patients connaissent les effets secondaires mais les bénéfices ressentis et les expériences négatives des tentatives de sevrage entretiennent la consommation. L'absence d'alternative à la BZD et l'avancée en âge limitent aux yeux des patients l'intérêt du sevrage. Les bénéfices ressentis liés aux seules propriétés pharmacologiques des BZD ne suffisent pas à expliquer leur consommation au long cours chez les personnes âgées. Les difficultés de communication avec le médecin, la place du médicament dans le vécu, le sentiment de contrôle de leur consommation, le faible poids de la dépendance et la perception d'une espérance de vie limitée les incitent peu au sevrage.CLERMONT FD-BCIU-Santé (631132104) / SudocSudocFranceF