Prescription par les médecins généralistes d'un traitement morphinique de palier III chez les patients douloureux atteints de cancer

Le soulagement de la douleur s'inscrit dans la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. En cancérologie, les données de la littérature montrent que pour tous cancers et tous stades confondus, la prévalence de la douleur chez les patients atteints de cancer est de 53% et qu'elle est d'intensité modérée à forte dans 1/3 à 2/3 des cas. 25 à 30% des patients qui souffrent d'une douleur modérée à intense n'ont pas d'antalgique. Les douleurs cancéreuses rebelles contribuent à l'altération de l'état général jusqu'à un renoncement de lutter contre la maladie. La morphine demeure l'analgésique de référence dans la prise en charge de ce type de douleurs. Sa prescription doit dépendre de l'intensité de la douleur et non du stade de la maladie. Le médecin généraliste a un rôle central dans la prise en charge du patient atteint de cancer: il est souvent Je prescripteur initial devant des symptômes algiques. Nous avons réalisé une enquête du 21 mai 2013 au 29 juin 2013, reposant sur l'exploitation d'un questionnaire déclaratif, auprès de 300 médecins généralistes de la région Rhône-Alpes. L'objectif de notre étude est de décrire les habitudes de prescription d'un traitement morphinique de palier III par les médecins généralistes dans la prise en charge de la douleur d'origine cancéreuse, et ainsi d'évaluer leurs difficultés et de définir leurs besoins de formation. Les 80 réponses reçues, soit un taux de retour de 26,5%, nous ont permis de penser que les médecins généralistes semblent bien gérer un traitement morphinique même si ce n'est pas fréquent en pratique de ville: introduction en autonomie d'un traitement par morphine, bonne gestion d'une augmentation de posologie si nécessaire, coantalgie connue. Ils semblent savoir également solliciter des équipes spécialisées en cas de besoin (HAD, EMSP). Les freins à l'utilisation d'un palier III semblent être représentés par la gestion des effets indésirables (pour 50% des répondants): troubles digestifs et neuropsychiques. Par ailleurs, 1/3 d'entre eux estiment que la gestion d'un traitement morphinique à domicile limiterait leurs prescriptions: mauvaise observance, peur du surdosage, suivi chronophage. Les médecins généralistes semblent également avoir peur de ce que signifie l'introduction d'un traitement morphinique de palier III, avec peut être une représentation de traitement de fin de vie encore présente et un sentiment d'échec face à cette fm thérapeutique. Quant aux nouveaux morphiniques que sont les Fentanyl transmuqueux, ils semblent mal connus par les médecins généralistes qui les réserveraient plutôt aux spécialistes. En ce qui concerne la formation des médecins généralistes, 90% des répondants à l'enquête déclarent avoir besoin de formation supplémentaire. Elle semble s'appuyer essentiellement sur l'enseignement du module 6 douleur, soins palliatifs, accompagnement en formation initiale. En formation continue, elle est basée surtout sur les FMC ainsi que sur l'expérience personnelle des médecins généralistes renforcée par une collaboration étroite avec les réseaux spécialisés (HAD, EMSP). Conclusion: La prise en charge de la douleur cancéreuse semble être assez bien gérée par les médecins généralistes. Face à des situations médicales complexes, le contact avec les équipes spécialisées semble nécessaire et indispensable au maintien à domicile. Cette collaboration limite le sentiment de solitude du médecin généraliste parfois ressenti et le partage des connaissances facilite les prises de décision. La douleur cancéreuse ne revêt pas que des aspects techniques mais aussi parfois émotionnels et éthiques, et il est important de ne pas rester seul dans ces réflexionsLYON1-BU Santé (693882101) / SudocSudocFranceF