Tropiques : lieux et liens : florilège offert à Paul Pelissier et Gilles Sautter

L'histoire du cheptel africain présente quelques analogies avec celle des productions agricoles : mythe de l'âge d'or précolonial ; concentration de l'effort sur la croissance à l'époque coloniale (augmentation du cheptel, extension des cultures) mais sans amélioration décisive des techniques de production et en entraînant un gaspillage des ressources naturelles ; incertitudes et remises en cause depuis la sécheresse de 1973. Le pari de l'élevage en ranch, tout comme celui de la grande agriculture, laissent déjà entrevoir des déconvenues. Aujourd'hui, l'élevage bovin semble enfermé dans une contradiction sans issue. D'un côté, la population s'accroît dorénavant plus vite que le cheptel. Bientôt celui-ci ne pourra plus satisfaire la demande en viande (c'est déjà le cas pour plusieurs pays). D'un autre côté, la tentation d'accroître au maximum les effectifs de cheptel pour résorber cet écart risque de répéter l'erreur d'avant 1970 et finalement, de précipiter une ruine irrémédiable de l'élévage sahélien. Comment le cheptel bovin peut-il satisfaire l'alimentation d'une population humaine en croissance rapide, sans compromettre les pâturages ? Tel est le problème crucial de développement que pose, aujourd'hui, l'élevage bovin en Afrique de l'Ouest et du Centre. (Résumé d'auteur