Se soigner au Mali : une contribution des sciences sociales : douze expériences de terrain

Durant des mois, Sidiki Tinta a enquêté dans les formations sanitaires d'un pays dogon qu'il connait bien, pour en manier couramment plusieurs parlers, à commencer par celui que lui a enseigné sa mère. Il montre d'abord à quel point la décision de recourir aux soins n'est pas individuelle, mais engage un groupe familial d'autant plus large que le rang du malade est élevé, et que le mal est considéré comme grave. Dans bien des cas -dont le chapitre fournit maintes illustrations-, ce caractère social de la décision correspond au caractère social de la cause de la maladie. En passant, l'auteur fait état d'une distinction entre "la personne qui a le don de guérir" et "celle qui mime" : comme à Bankoni. Il montre aussi que, peut-être plus clairement ici qu'en ville, les rapports entre la biomédecine et la tradipratique sont des rapports de force, la première ayant été imposée, jusque dans le choix du site de ses dispensaires, par une Administration peu encline à demander l'avis de ses administrés, et portée à considérer les tradithérapeutes comme dangereux concurrents de ses agents de la santé (qu'il s'agisse de l'ancienne Administration coloniale ou de celle du Mali indépendant). On comprend enocre mieux le pourquoi du malaise, lorsque l'auteur décrit certaines pratiques permettant à ces agents d'abuser les malades de façon ehontée : ignorant la médecine moderne et les règlements en principes applicables au centres de santé, les malades qui y recourent en désespoir de cause vivent trop souvent l'exploitation du faible par le fort. Santé pour tous en l'an 2 000, demain ! (Résumé d'auteur