Pérou : l'après fujimorisme

Au Pérou, le trentième anniversaire de la réforme agraire de 1969 a été l'occasion pour certains médias de renforcer un discours dominant : inspirée par l'utopie collectiviste néfaste, la réforme a été un échec ; la débâcle de l'agriculture péruvienne lui est attribuable ; il est urgent de redonner un rôle moteur aux agriculteurs dynamiques autrefois spoliés, afin que ceux-ci puissent développer les exportations, par exemple en relançant la production de coton et de sucre. Cette critique conduit aussi à rejeter la voie paysanne de développement mise en oeuvre par les Indiens qui, de surcroît, sont de moins en moins "visibles" au sein de la société, tant comme "paysans" que comme "indigènes". A une époque où le néolibéralisme inspire la plupart des politiques économiques, ce discours permet aux investisseurs, désireux d'engager leurs capitaux dans l'agriculture, de présenter la société rurale actuelle comme incapable d'adopter les nouvelles technologies. Selon eux, la structure productive actuelle du Pérou ne pourrait perdurer sous peine nuire à la compétitivité du Pérou. Même si un retour à la situation antérieure à 1969 paraît exclu, une législation récente permet de penser que se déroule un processus de reconcentration des terres. Certes, les producteurs paysans ont réussi à se faire entendre lors des élections de 2000. Quelle que soit la politique du future gouvernement, il est peu probable que soient prochainement mises en place des mesures interventionnistes. (Résumé d'auteur