International audienceL'histoire de l'art n'est pas toujours tendre avec les artistes touchés par les faveurs du marché. L'après-guerre, qui marqua un tournant dans la reconnaissance publique des avant-gardes autrefois méprisées, en fit particulièrement les frais 1. À l'automne 1957, lorsque Michel Ragon fait le « bilan » financier et critique d'une décennie d'art abstrait, c'est avec une certaine amertume qu'il s'étonne de son succès soudain : « [L]'art abstrait que nous avions trouvé inconnu des foules, honni par les marchands et la plupart des critiques, ridiculisé dans la presse, invendable et invendu […] est maintenant journalisé, romancé, recensé, caricaturé. On l'enlève aux enchères. Tout le monde en veut 2 ». Loin de se féliciter de...