Lire et comprendre la ville. Perspective sur les notions critiques de la Tendenza

This briefing note for the Habilitation à diriger des recherches (HDR) focuses on the theoretical thought of the Tendenza, a movement of ideas that took shape during the 1960s in Venice and Milan in academic circles as well as in the circles of intellectuals and practical architectural journals. In the 1970s, as the movement became more international, it began to die out, its epigones choosing, for reasons inherent in the movement itself, to devote themselves essentially to their practice as professional architects. At the basis of the theoretical position they expressed in the 1960s we find what Umberto Eco defines as the "Leonardian" dream of the architect, the dream of the "complete intellectual" architect who seeks to harmonize through his approach all the problems and responses of the culture of his time. With this vision takes shape the idea of redefining the values linked to architectural modernity and the foundation of a movement of neo-modernity which draws its meaning from the confrontation with the two great movements of semantic rupture in architecture: that of the architects of the Enlightenment and that of the avant-gardes of the 1920s. The search for the meaning and significance of architecture that accompanies this vision is based on the reflections carried out, in parallel, in the fields of semiology, semiotics and structuralist linguistics. The aim is to operate an architectural semiotics with the tools forged in these different fields of knowledge, relating at the same time to the values of history. The object of study is the city understood as a material work. The weakening of theoretical thinking and the retreat into the various professional practices which began in the early 1970s has continued over the last three decades. The break-up of the discipline we are experiencing today calls for a re-reading of the elements of the Italian debates of the 1960s, debates which gave 20th century architectural culture a new foundation and their initiators the strength to confront the masters of the Modern Movement on an equal footing.My analytical work aims at shedding light on the "grey areas" that ran through the Italian debates of the 1960s and 1970s and which seem to be at the origin of the confusion that currently hangs over this chapter in the history of architectural theory. Through a rereading of the founding texts of the Tendenza, I propose to rediscover the meaning attributed by this movement of ideas to the notions and methods of analysis that structured the debates. The most important and precious legacy left by the Tendenza, on the basis of which we will build new debates and new intellectual positions, would in fact be that relating to the notions that structure not only the field of urban architecture but also the discipline of architecture itself.Cette note de synthèse pour l’obtention de l’Habilitation à diriger des recherches (HDR) est centrée sur la pensée théorique de la Tendenza, un mouvement d’idées qui prend corps au cours des années 1960 à Venise et à Milan dans le milieu universitaire ainsi que dans les cercles des intellectuels et des revues spécialisées en architecture. Dans les années 1970, alors que le mouvement s’internationalise, celui-ci commence à s’éteindre, ses épigones choisissant, pour des raisons inhérentes au mouvement même, de se consacrer essentiellement à leur pratique d’architectes professionnels. A la base de la position théorique qu’ils expriment au cours des années 1960 on retrouve ce qu’Umberto Eco définit comme le rêve « léonardien » de l’architecte, le rêve de l’architecte « intellectuel complet » qui cherche à harmoniser à travers sa démarche tous les problèmes et toutes les réponses de la culture de son temps. Avec ce rêve prend forme l’idée de la redéfinition des valeurs liées à la modernité architecturale et la fondation d’un mouvement de neo-modernité qui tire son sens de la confrontation avec les deux grands mouvements de rupture sémantique de l’architecture : celui des architectes des Lumières et celui des avant-gardes des années 1920. La recherche de la signification et du sens de l’architecture qui accompagne ce rêve s’appuie sur les réflexions menées, parallèlement, dans les champs de la sémiologie, de la sémiotique et de la linguistique structuraliste. Le but est d’opérer une sémiotique architecturale avec les outils forgés dans ces différents champs du savoir, se rattachant en même temps aux valeurs de l’histoire. L’objet d’étude est la ville entendue comme œuvre matérielle. L’affaiblissement de la pensée théorique et le repli dans les différentes pratiques professionnelles qui s’annoncent dès le début des années 1970 se poursuivent au cours des trois dernières décennies. L’éclatement disciplinaire que nous vivons aujourd’hui appelle à une relecture des éléments des débats italiens des années 1960, débats qui ont donné à la culture architecturale du XXe siècle un nouveau fondement et à leurs initiateurs la force de se confronter à mesure égale aux maîtres du Mouvement moderne.Mon travail analytique vise à faire la lumière sur les « zones d’ombre » qui ont traversé les débats italiens des années 1960 et 1970 et qui semblent être à l’origine de la confusion qui plane actuellement sur ce chapitre de l’histoire de la théorie architecturale. A travers une relecture des textes fondateurs de la Tendenza, je propose de retrouver le sens attribué par ce mouvement d’idées aux notions et aux méthodes d’analyse qui ont structuré les débats. L’héritage le plus important et le plus précieux que la Tendenza a laissé, à partir duquel nous construirons de nouveaux débats et de nouvelles positions intellectuelles, serait de fait celui relatif aux notions qui structurent non seulement le champ de l’architecture urbaine mais aussi la discipline même de l’architectur