Page 388

histoire 388 quartier général. Bonaparte eut un moment d'inquiétude, il voyait la ligne rompue , et il fut sur le point d’ordonner la retraite sur Alexandrie. Il courut même dans ce désordre un très-grand danger : un caisson de gargousses prit feu à côté de lui, son habit fut brûlé, mais il n eut aucun mal. Heureusement la présence d’esprit d’un homme sauva l’armée , ramena la victoire, et fit en un instant changer les lauriers de l’ennemi en d’éternels cyprès. Il existe dans les armées ottomanes un usage barbare, reste affreux de ces coutumes sanguinaires des Tarlares leurs aïeux. On paye un prix convenu pour chaque tête ennemie apportée au camp pendant et après l’action. Les Turcs, sortis tous de la redoute à la poursuite de l’aile gauche des Français , s’amusaient à couper les têtes des morts et des blessés qu’ils rencontraient. L’appât de la récompense promise leur fit laisser la redoute sans défense , parce que ceux qui retournaient sur leurs pas couraient apporter au quartier-général leur sanglant trophée. L’adjudant général Roize , chef d état-major de la cavalerie, aperçut le premier cette faute des Turcs , et proposa aussitôt au général Murat de se précipiter dans la redoute et de s’en emparer. Murat saisit cette idée avec empressement, e