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( 287 ) Le général Desaix au général Bonaparte premier Consul de la République française. Au lazaret de Toulon, le 15floréal an 8. 1*003. Flatte de la confiance que vous m’aviez témoignée en m’ordonnant de vous rejoindre dans le courant de l’hiver dernier, j’avois le plus vif désir d’exécuter vos ordres: le général Kleber n’a jamais voulu y consentir ; il m’a retenu , et, malgré moi , m’a fait conclure la convention de êl-A’rych. Enfin , après mille obstacles surmontés non sans peine , je suis parti d'Alexandrie , le 13 ventôse, sur un bâtiment ragusais , escorté par un aviso monté par le général Davoust. J’étois bien impatient d’arriver > tous les vents contraires, tous les calmes me désoloient : je desirois vivement arriver à temps pour assisrer à l’ouverture de la brillante campagne qui s’ouvre sûrement dans ce moment sous vos auspices. Enfin , après trente jours de tempête, de souffrance, une relâche à Coron, où nous avons été bien traités des Turks , une en Sicile, à Siaca , où, suivant leur habitude, les habitans ont voulu nous assommer , je suis arrivé à la vue des îles d’Hières. Déjà nous nous réjouissions de revoir la France, déjà nous faisions mille extravagances qui témoignoienc notre plaisir, lorsque tout-à-coup nous sommes tombés , par une brume épaisse , sur une frégate anglaise qui nous a conduits à'Livourne à l’amiral Keith. Plein de confiance dans les passe-ports turks et anglais dont nous étions munis, j’ai vivement témoigné ma surprise de cette arrestation. Au lieu de me faire relâcher, comme je m’y attendois, l’amiral m’a fait placer à la quarantaine, en me prévenant qu’il attendoit les ordres de son gouvernement au sujet de la convention de êl-ATych , et qu’il ne me feroit relâcher que lorsqu’ils lui seroient arrivés. Nous avons donc passé trente jours dans un lazaret extrêmement serré, truités comme prisonniers de guerre