Les temporalités entremêlées des processus de transition énergétique. Une enquête pragmatiste sur nos « contemporanéités bas carbone »

National audienceThis article is devoted to the contemporary processes of low carbon energy transition. These processes are largely driven by future climate-energy scenarios that convey a simplistic representation of time. The scenarios focus on the tension between the long term (carbon emissions) and the short term (investments), a perspective that narrows down the attention we can pay to a diversity of intermediate temporalities, associated to local collective dynamics and heritages, which can play a role in the deployment of transition processes. To take into account the multiple (physical, biological, social) temporalities brought into play by these processes, this paper proposes a relational approach to time based on a pragmatic analytical framework. It aims at thinking about our “low carbon contemporaneities”. While the scenarios of transition are embedded in a homogeneous and empty time, without duration, the “low carbon contemporaneities” would be proposals of duration to be articulated. This approach makes it possible to follow the renewed forms of domination that emerge in the name of “transition” as well as the forms of emancipation that are invented on the margins of industrial capitalism, as well as in the midst of its ruins or through the rerouting of its means.Cet article est consacré aux processus contemporains de transition énergétique sous contrainte climatique. Ces processus sont largement déterminés par des scénarios de futurs climat-énergie qui véhiculent une représentation simplifiée du temps. Si les scénarios s’attachent à résoudre la tension entre le long terme (émissions carbone) et le court terme (investissements), cette perspective diminue l’attention pour une diversité de temporalités intermédiaires, qui relèvent d’héritages et de dynamiques collectives plus localisées, et peuvent jouer un rôle dans l’orientation des processus de transition. Pour tenir compte des temporalités concrètes (physiques, biologiques, sociales) que ces derniers mettent en jeu, cet article propose une approche relationnelle du temps adossée à un cadre d’analyse pragmatiste. Il propose de penser nos « contemporanéités bas carbone ». Si les visions de transition mobilisent un temps homogène et vide, sans durée, les « contemporanéités bas carbone » seraient des propositions de durée à articuler. Cette approche permet de suivre les formes renouvelées de domination qui émergent au nom de la « transition » comme les formes d’émancipation qui s’inventent en marge du capitalisme industriel, aussi bien qu’au milieu de ses ruines ou encore par détournement de ses moyens