Sur la centralité de l’apprentissage dans la prise de décision politique : l’exemple du secteur européen de l’éducation

Le discours relatif à la nécessité d’apprendre déborde aujourd’hui du champ de l’éducation scolaire. Un volume toujours plus important de connaissances et de données emplit le champ politique traditionnellement organisé autour des notions de réforme et de décision davantage qu’au départ de processus d’apprentissage. À l’échelle transnationale tout particulièrement, le système politique semble emprunter au domaine de l’éducation les éléments centraux de son lexique : il ne s’agit pas tant de décider que d’apprendre, de s’autoévaluer, d’échanger des bonnes pratiques, de s’améliorer, de chercher à mieux faire, non pas pour (s’) éduquer mais pour (se) gouverner. La forme traditionnelle de la décision politique recule et fait place à une nécessité perpétuelle d’évaluer, de présenter des cas et des pratiques exemplaires et, plus généralement, d’apprendre. L’objectif de cette présentation est de montrer comment les processus d’apprentissage, et le lexique qui leur est propre, dépassent le cadre du système éducatif et caractérisent de plus en plus la prise de décision politique. Pour ce faire, nous analysons les récents développements du secteur européen de l’éducation, et plus particulièrement le cadre stratégique Education et Formation 2020. L’analyse de nos données issues d’entretiens, d’analyse de documents et d’observation de réunions fait ressortir l’importance croissante de l’apprentissage dans la prise de décision politique. Loin d’être un frein à l’implication européenne dans le secteur de l’éducation, la nouvelle forme de prise décision politique, basée sur l’apprentissage, est centrale au développement de l’espace européen de l’éducation. En effet, celle-ci entretient une convergence des attentes entre Etats Membres, tout en respectant le principe de subsidiarité, principe faisant de l’éducation une matière avant tout nationale