Un tournant dans les relations de Barcelone avec la Méditerranée orientale : la nouvelle politique d’Alphonse le Magnanime (1415-1442)

International audienceCet article tente de montrer comment et à quel point les ambitieux objectifs du second souverain de la dynastie des Trastamare ont constitué une rupture importante dans la politique méditerranéenne traditionnellement menée par les rois d’Aragon. Dès l’avènement d’Alphonse le Magnanime en 1416, la traditionnelle politique d’entente avec le sultanat mamelouk, indispensable aux bonnes relations commerciales qui permettaient l’approvisionnement de toute la Péninsule en épices, fut brutalement interrompue. Le nouveau roi organisa lui-même une vaste opération de course contre Alexandrie avant même de monter sur le trône et entretint ensuite des relations le plus souvent tendues avec les sultans du Caire. Cette nouvelle stratégie s’appuyait sur l’île de Rhodes, dominée par l'ordre des Hospitaliers, au sein duquel l’influence des Catalans et des Aragonais n’avait cessé de croître depuis la fin du XIVe siècle. Le changement du centre de gravité de la politique orientale d’Alphonse V lui permettait d’endosser un nouveau rôle de protecteur de cette tête de pont chrétienne dans le Levant et de promoteur d’une nouvelle, mais hypothétique croisade. Ainsi tentait-il de se ménager l’appui de la papauté dans ses entreprises de conquête du royaume de Naples. Cependant, le milieu des hommes d’affaires et des armateurs barcelonais se trouva lourdement pénalisé par cette nouvelle politique en raison des réquisitions de navires marchands et des lourdes contributions financières imposées. Seule la victoire du Magnanime à Naples en 1442, contribua à détendre les relations avec ses sujets catalans, qui purent ainsi renouer avec une nouvelle ère de prospérité commerciale. Elle reposait cependant désormais sur de nouvelles bases géographiques, tant en Méditerranée orientale, qu’occidentale