État des lieux de la rétention aiguë d’urine en service de court séjour gériatrique

Médecine généraleIntroduction : les personnes âgées sont particulièrement exposées au développement de pathologies urologiques. La rétention aigue d’urine (RAU) est l’urgence urologique la plus courante et sa fréquence s’accroit avec l’âge. Son diagnostic est clinique et elle est souvent la manifestation aiguë d’une pathologie sous-jacente dont il conviendra dans un second temps de faire la prise en charge étiologique complète L’objectif de ce travail est d’estimer la prévalence de la RAU dans un service de gériatrie aiguë et de décrire sa prise en charge. Matériel et méthodes : il s’agit d’une étude observationnelle, rétrospective, monocentrique portant sur les personnes âgées de plus de 70 ans hospitalisées dans le service de gériatrie aiguë des hôpitaux universitaires de Strasbourg entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2018. Les critères d’inclusion étaient l’ensemble des patients de plus de 70 ans ayant séjourné au service de gériatrie sur cette période ayant fait une rétention aiguë d’urine au cours de leur séjour hospitalier. Les critères d’exclusion étaient un âge inférieur à 70 ans, les patients ayant eu un drainage urinaire pour un autre motif qu’une RAU et les patients déjà drainés à domicile. Résultats : cent trente-huit patients, âgés en moyenne de 89 ans ont été inclus dans l’étude, ce qui représente une prévalence de 9%. Quatre-vingt-sept pour cent des patients prenaient un traitement susceptible de favoriser la RAU avec un psychotrope dans 60% des cas. Le diagnostic de RAU a été fait par Bladder-Scan® dans 68% des cas. Le drainage urinaire s’est fait par la pose d’une sonde dans la totalité des cas. Un traitement alpha-bloquant était associé chez 58% des patients. La durée du sondage urinaire était variable. L’étiologie supposée à la RAU était le plus souvent infectieuse ou plurifactorielle. Soixante-seize pour cent des malades ont présenté des complications liées à la RAU (insuffisance rénale aigue et confusion dans la moitié des cas) ou liée à la pose de la sonde urinaire à type essentiellement d’hématurie et d’infection urinaire. Un avis urologique n’a été pris que dans 21% des cas. La durée moyenne de séjour (DMS) a été de 14 jours. Le taux de mortalité pendant l’hospitalisation était de 14% et de 21% à 3 mois. Conclusion : la prévalence des RAU reste importante puisque presque un patient sur dix hospitalisé en gériatrie était confronté à ce problème sur l’année 2018. Les étiologies bien que souvent liées à l’évolution d’une hypertrophie bénigne de la prostate chez l’homme sont le plus souvent multifactorielles chez la personne âgée. La RAU est une complication associée à un risque de mortalité élevé, touchant les patients les plus fragiles de notre population