Les dix morts d'Eugène Vermersch

Dans la préface qui accompagna la parution posthume de l’ouvrage L’Infamie humaine de l’excommunard Eugène Vermersch (Alphonse Lemerre, 1890), Paul Verlaine raconta ainsi les derniers jours de son regretté ami : « Eugène Vermersch mourut fou en d’affreuses douleurs le 9 octobre 1878 à l’asile de Colney Hatch (Angleterre), âgé de trente-trois ans et deux mois1 ». Si peu de détails sont connus sur les conséquences qui contribuèrent à sa mort, il convient de préciser qu’il n’a pas souffert une seule mort : on peut en compter plusieurs. Beaucoup, même. Tantôt menaçantes, tantôt distantes voire fantaisistes, les morts mentionnées dans les documents rassemblés ci-dessous témoignent de certaines difficultés à confronter et transcrire la vie et la mort de Vermersch — plus grand que nature, pendant et après son passage terrestre. Si Vermersch lui-même affirma qu’il ne « [tenait] pas plus à être estimé pendant ma vie qu’à être réhabilité après ma mort2 », nous ne pouvons que lui adresser nos très sincères excuses, et espérer que nos recherches dans les archives n’ont fait qu’éclaircir quelques détails de son existence : dans ce qui suit nous ne prétendons pas proposer la réhabilitation totale à laquelle il objecta tant