Deux fois l’an, dans les salons cossus d’une villa de Neuilly, madame la Comtesse de Chambure reçoit une société étrange, hétéroclite presque, où se côtoient des aristocrates déjà âgés et des jeunes gens un peu hirsutes, musiciens en diables, qui manipulent d’étranges objets aux noms archaïques – chalemines*, cromornes*, théorbes* et épinettes*1 – pour essayer d’en tirer des sons d’harmonie. Au milieu de ces années 1970, les réceptions de la Comtesse pouvaient sembler d’un autre temps. Sa Société des musiques d’autrefois, fondée dans les années 1920, semblait relever d’une époque révolue désormais, lorsqu’elle accueillait des militaires coloniaux, des femmes du monde en robe de soie et des diplomates chagrinés et nourris des intrigues de la...