Dominant Minority and Identity Construction : The Interplay of Local, Foreign and Global Consumption Patterns. The Case of Commensality in Qatar

En s’appuyant sur les théories du multiculturalisme et des intentions identitaires, et en tenant compte des limites des études sur les minorités ethniques qui ont été menées exclusivement dans des contextes occidentaux et qui ne permettent donc pas une généralisation théorique, cette thèse est une première tentative d’étudier les projets identitaires dans un contexte non-occidental, qui est l’état du Qatar. La présente recherche offre une perspective originale et unique sur l’étude des minorités en se focalisant sur le groupe d’accueil qui constitue ici le groupe minoritaire dominant culturellement. Les recherches passées se sont surtout penchées sur des situations opposées où les minorités sont principalement des immigrants qui sont culturellement dominés par une majorité d’accueil. Vu la nature collectiviste de la culture qatari et l’importance symbolique de l’expression identitaire dans la consommation alimentaire, le choix se porte sur l’étude de la commensalité en tant que prisme d’expression symbolique des projets identitaires des consommateurs. Ce champ d’étude constitue une autre des originalités et des apports de ce travail.Cette recherche mobilise plusieurs méthodes qualitatives et ethnographiques (les entretiens en profondeur, les focus groupes, la netnographie, la technique de photo élicitation, l’observation, les techniques projectives, etc.), ainsi qu’une nouvelle méthode qualitative empruntée à la discipline de la psychanalyse. Cette nouvelle technique est une réponse aux appels des spécialistes postcoloniaux à repenser l’utilisation des méthodes ethnographiques occidentales pour les communautés non occidentales. Le processus de mise en œuvre ainsi que les avantages et les limites de cette nouvelle technique sont également discutés.Les analyses suivent la logique de la phénoménologie et des approches herméneutiques, et les résultats montrent que la commensalité en tant que pratique culturelle et symbolique conduit au développement et à l’expression de différents projets identitaires que la littérature n’avait pas encore identifié. Les résultats ont également révélé que les consommateurs négocient continuellement entre des trajectoires identitaires concurrentes et parfois conflictuelles. Le but pour eux est de réussir à exprimer et à réduire une dissonance interne. Cette recherche s’inscrit dans la continuité des travaux de Oswald et de sa métaphore de l’oscillation identitaire, ainsi que de ceux d’Askegaard et ses collègues et leur métaphore du pendule oscillant. En effet, ce travail montre que les informants, non seulement oscillent entre différents projets identitaires où ils expérimentent une diversité d’intentions identitaires personnelles, mais se retrouvent très régulièrement autour d’une identité groupale commune et partagée dans le temps et dans l’espace où les projets identitaires personnels sont mis au second plan. L’auteur appelle cette dynamique identitaire le mouvement de l’accordéon pour rendre compte du mouvement élastique de dilatation vers des intentions identitaires multiples, puis de contracture vers une identité partagée traditionnelle et non négociée. Le mouvement de l’accordéon pourrait expliquer comment la société Qatarie réussi à rester unie malgré sa caractéristique minoritaire et comment les Qataris absorbent les codes culturels nouveaux en ayant le sentiment de ne pas mettre en danger leur cohésion culturelle.Drawing on multicultural and identity theories and based on a critique of studies on ethnic minorities that are exclusively conducted in Western contexts and do not allow for a theoretical consensus, this thesis is an initial attempt to investigate identity projects in a non-Western context, which is the state of Qatar. The current research offers an original and unique perspective on studying minorities by focusing on the local dominant minority group rather than the opposite classic situation where minorities are mainly immigrants who are dominated by a local majority group. Given the collectivistic nature of this context and the centrality of identity in food consumption, this research uses a very unique and an under-researched area of consumption, which is commensality, as a framework to study the symbolic meaning of this dimension and its impact on consumers’ identity negotiation and intentions.The current study uses several qualitative and ethnographic methods (e.g. semi-structured in-depth interviews, focus groups, netnography, photo elicitation, observation, projective techniques, etc.), as well as a new qualitative method borrowed from the psychoanalysis discipline. This technique comes as a response to postcolonial scholars’ calls for rethinking the use of Western ethnographic methods for non-Western communities. The implementation process and the advantages and limitations of this new technique are also discussed.Analyses follow the logic of phenomenology and hermeneutic approaches, and findings show that commensality as a cultural and symbolic practice led to the development and expression of different new identity projects that were not found in previous studies on minorities, and which depend on the contextual, historical and cultural forces. Results also reveal that consumers are continuously negotiating conflicting and competing trajectories of identities with the aim of reducing internal dissonance. Another interesting result emerges and expends Oswald’s idea of identity oscillation and Asckegaard et al.’s metaphor of the oscillating pendulum: it is a dynamic that the author named “the accordion movement”, where individuals not only oscillate between different identity projects, but they scatter and spread out in different directions where each has his/her own personal identity intentions, however they all meet at a common ground in favour of the group identity while putting on hold their personal identities. This elastic movement is akin to the accordion instrument expanding and contracting, and could explain how the Qatari society still manage to remain united despite their minority status, and how Qataris embrace and adopt new cultural codes without harming their cultural cohesion