Les délices de la liberté. « L’entreprise » de l’affranchi capouan P. Cervius Diogenes

Selon une historiographie longtemps dominante, les affranchis dominaient la vie professionnelle romaine. Il est vrai que les mentions épigraphiques de métiers relatives aux anciens esclaves sont majoritaires. Néanmoins, l’affirmation doit être nuancée, comme le montre, notamment, l’étude approfondie d’un affranchi de la cité de Capoue. Ce dernier a visiblement indiqué sa profession dans ses deux inscriptions dans le but de se distinguer de la masse affranchie. Vraisemblablement, il a pu le faire car il détenait le statut « d’entrepreneur » , c’est-à-dire d’individu qui gérait au quotidien une « entreprise » sans pour autant la posséder. Un tel constat permet d’éclairer la position des autres personnages mentionnés dans les deux inscriptions. Ils formaient probablement la main-d’oeuvre de « l’entreprise » de Diogenes. Nous pouvons même aller plus loin en suggérant que seul le personnel le plus important de « l’entreprise » a été immortalisé dans ces textes. L’étude contribue à montrer que la catégorie affranchie était finement hiérarchisée, tout comme la main-d’oeuvre des « entreprises » .Delvigne Damien. Les délices de la liberté. « L’entreprise » de l’affranchi capouan P. Cervius Diogenes. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 96, fasc. 3, 2018. Antiquité - Ouheid. pp. 1093-1114