La dapsone dans les manifestations dermatologiques spécifiques du lupus érythémateux

Médecine. Dermatologie et vénérologieIntroduction – La dapsone représente un traitement de choix pour les manifestations à médiation neutrophilique, notamment celles associées au lupus érythémateux (LE). L’objectif de ce travail est d’estimer son efficacité et sa sécurité dans les manifestations spécifiques dermatologiques du LE, ainsi que d’en préciser la place dans l’arsenal thérapeutique disponible. Matériel et méthodes – Une recherche exhaustive des cas de manifestations dermatologiques spécifiques de LE a été réalisée le 24/01/2020 sur la base de données MEDLINE avec les mots clefs : « lupus erythematosus » AND « dapsone », sans limite en ce qui concerne l’ancienneté des publications. Résultats – Cent soixante-huit cas avaient été retenus pour l’analyse. L’âge moyen à la prise en charge était de 39 ans avec un sexe-ratio de 0,3. Treize patients avaient une association de 2 ou plus types de manifestation cutanée spécifique de LE. La cohorte comportait ainsi : 3 LE aigus, 22 LE subaigus, 133 LE chroniques, 8 LE dermiques, 10 panniculites lupiques et 7 lupus engelure. Chez 13 patients, l’atteinte cutanée s’intégrait dans un LE systémique. Cent-cinq patients (63%) avaient obtenu une amélioration complète ou au minimum partielle des symptômes. Selon une analyse en sous-groupes, étaient répondeurs : 67% LE aigus, 68% des LE subaigus, 62% des LE chroniques, 25% des LE dermiques, 80% des panniculites lupiques et 57% des lupus engelure. Parmi les patients atteints de LE systémique, 9 (69%) avaient répondu au traitement. Des effets secondaires étaient constatés chez 33 à 73 patients (20 à 43%), le plus souvent à type d’anémie et 21 patients (13%) avaient arrêté la dapsone des suites d’un effet secondaire. Deux décès étaient rapportés sous traitement. Discussion – Cette revue de la littérature a permis une meilleure appréciation de l’utilisation de la dapsone dans les manifestations dermatologiques spécifiques du LE. Malgré un taux de réponse moindre elle est, d’une part, très efficace dans les panniculites lupiques et les lupus érythémateux chroniques localisés et, d’autre part, peu pourvoyeuse d’effets indésirables. Ces derniers doivent tout particulièrement être pistés en début de prise en charge puisqu’ils sont précoces, réversibles, faciles à monitorer et donc évitables. Ainsi, la dapsone n’a pas sa place en 1ère ligne thérapeutique, contrairement aux antipaludéens de synthèse qui sont préconisés dans les recommandations françaises et européennes, mais devrait être considérée par le praticien dès la nécessité d’une 2e ligne.Introduction - Dapsone is considered as gold standard in the treatment of neutrophilic diseases, including those associated with lupus erythematosus (LE). The aim of this work is to evaluate its efficacy and security in the treatment of specific lesions of cutaneous lupus erythematosus and to clarify its position among the available treatments. Material and methods - An exhaustive review of the available cases in the literature of cutaneous lupus erythematosus with specific signs has been conducted on 24 january 2020 on the MEDLINE database using the terms “lupus erythematosus” AND “dapsone”. No limit on publication date was applied. Results – One hundred and sixty-eight cases had been selected. The average age was 39 years old with a sex-ratio of 0.3. Thirteen patients had an association of 2 or more types of cutaneaous specific lesions of LE. There were : 3 acute LE, 22 subacute LE, 133 chronic LE, 8 dermal LE, 10 lupus panniculitis and 7 lupus childblain. In 13 patients, the cutaneous involvement integrated into systemic LE. One hundred and five patients (63%) had completely or partially responded to dapsone. According to subgroups analysis, a positive response to treatment was obtained for: 67% of acute LE, 68% of subacute LE, 62% of chronic LE, 25% of dermal LE, 80% of lupus panniculitis and 57% of lupus childblain. Among the patient with systemic LE, 9 (69%) had responded. Side effects were seen in 33 to 73 patients (20 to 43%) with anaemia as the most frequent of them. Twenty-one patients (13%) had stopped dapsone because of a side effect. Two deaths were recorded under treatment. Discussion – This literature review provides a better understanding of the use of dapsone in the cutaneaous specific lesions of LE. Despite a lower response rate, it is, on the one hand, very effective in lupus panniculitis and localized chronic lupus erythematosus and, on the other hand, it has fewer side effects. The latter must in particular be tracked at the beginning of treatment since they are early, reversible, easy to monitor and therefore avoidable. Thus, dapsone has no place in first line therapy, unlike antimalarials which are recommended in French and European recommendations, but should be considered by the practitioner as soon as a second line is necessary