Étude qualitative : facteurs de poursuite du tabagisme chez les femmes enceintes en Alsace

MédecineIntroduction : En 2017, d’après le baromètre Santé, 17% des femmes enceintes déclaraient fumer au moins une cigarette par jour au cours du troisième trimestre malgré toutes les mesures de prévention mises en place. Les conséquences néfastes du tabagisme sur la santé et la grossesse sont aujourd’hui bien connues du monde scientifique. La norme sociale, l’envie d’être une « bonne mère » pour son enfant à naître ou encore pour pallier les regards extérieurs sont autant de facteurs qui pourraient influencer positivement l’intention d’arrêt du tabac. Les objectifs de notre enquête sont d’identifier les principaux obstacles à l’arrêt du tabac et d’identifier une éventuelle différence de comportement entre les femmes vivant une grossesse physiologique ou pathologique. Matériel et méthode : Nous avons mené une étude qualitative à l’aide d’entretiens semi-directifs auprès de 11 femmes enceintes fumeuses entre juillet et octobre 2019 aux hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Les femmes ont été recrutées par des sages-femmes en consultations prénatales et au service des grossesses à risques. Les entretiens ont été transcrits sous forme de verbatim anonymisé. Une analyse du contenu ainsi que du champ lexical a été effectuée puis comparée principalement à la littérature de ces 15 dernières années. Résultats : L’analyse des entretiens a montré que la cigarette fait partie intégrante de la vie de ces femmes. La dépendance, l’absence de conséquences du tabagisme sur leurs premiers enfants, le tabagisme du conjoint ou de la famille/amis, les habitudes de vie qui ne veulent pas être modifiées, « le stress » des femmes vivant une grossesse pathologique les incitant à fumer davantage ou encore les professionnels de santé qui, pour certains se montrent peut-être trop rassurants compliquent leur démarche vers l’arrêt. Le tabagisme pendant la grossesse reste socialement mal accepté, incitant les femmes à mettre en place des comportements d’évitement et rendant le sujet tabou, allant jusqu’au mensonge. Au cours des entretiens, la gêne et le sentiment de culpabilité sont omniprésents chez ces femmes cherchant à justifier leur comportement. Discussion : L’entourage tabagique de la femme enceinte semble présenter une difficulté importante à l’arrêt du tabagisme. Mais aussi la sous-estimation des risques pour le fœtus et l’enfant ainsi que la dépendance psychologique et physique sont des facteurs connus et couramment retrouvés dans la littérature. Le soutien de ces femmes est nécessaire, surtout celles vivant une grossesse « pathologique ». L’écoute, des conseils et un accompagnement individualisé sont à encourager pour les professionnels qui suivent ces femmes pour permettre la mise en place d’un nouveau comportement pérenn