El « nomadismo » como desafío al orden colonial. El caso de las poblaciones volantes de los Llanos venezolanos. Orígenes y características (siglos XVI-XVIII)

International audienceIn Spanish America, the settling process, that is to be living permanently in a specific inhabited area, became very fast an essential standard of the colonial order, supposedly to apply to indigenous people, black people and mestizos as well to the Spanish people. For the authorities, it was a way to keep every different subjects of the Crown under economic and cultural control as well as social and religious ones. In the Llanos of Venezuela, different and convergent circumstances and situations contributed towards the formation of flying populations during XVIIth and XVIIIth centuries. They arised from the mixing between slaves and tributary indigenous runaways, between the nomadic native tribes and the « tramps » and « marginalized people » of many origins. These bands, quite heteregeneous and race-mixed, made a living from robbery and sacking, finding refuge here and there to escape detection, and created new ways of cultural and social life, free from the codes of the prevailing way of life. In that way, this « nomadism » was a real emancipation from the economical exploitation and from the cultural and religious control which the Crown pretended to impose them.En Amérique espagnole, le fait de se sédentariser, de se fixer de façon permanente dans un centre de peuplement donné, devint très vite une norme essentielle de l'ordre colonial qui était censée s'appliquer autant aux Espagnols qu'aux Indiens, Noirs et Métis. Pour les autorités, cela était une façon d'exercer un contrôle économique, culturel, social et religieux sur les différents sujets de la Couronne. Dans les Llanos du Venezuela, plusieurs facteurs et phénomènes contribuèrent à la formation au cours des XVII e et XVIII e siècles des populations volantes. Elles étaient nées de la rencontre entre des esclaves et des Indiens tributaires en fuite, des tribus indigènes nomades et des « vagabonds » et « marginaux » de toutes origines. Ces groupes, très hétérogènes et métis, vivaient du vol et du saccage, passant d'un refuge à un autre pour échapper aux autorités, et recréant des formes de vie sociale et culturelle indépendantes des codes du modèle dominant. En ce sens, ce « nomadisme » constituait une véritable émancipation vis-à-vis de l'exploitation économique et du contrôle culturel et religieux auxquels le pouvoir prétendait les soumettre