L'homme critique, l'homme fasciné. Le discours houellebecquien et son lecteur : une négociation

Comment se joue cette dialectique, constante avec Houellebecq, entre la part critique de son discours et d'un autre côté la fascination, qu'il en soit lui-même porteur ou qu'il la suscite chez le lecteur ? Pourquoi cette négociation est-elle toujours si équivoque et problématique ? Pourquoi Houellebecq nous interroge-t-il sur notre rapport au monde et à la littérature quand pourtant il nous fatigue tant ? Dans une première partie, nous étudions tout ce qui concourt à notre séduction dans le discours houellebecquien. Cette séduction provient d'une part de sa sincérité, du rapport sensible au monde qu'il nous offre à lire, et d'autre part de la force de ses diagnostics critiques. Elle provient également d'une capacité de fascination propre au discours houellebecquien, dont il s'agit de comprendre comment elle s'exerce, et qui nous fascine en retour. Mais tout ce qui nous séduit ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes. Aussi la seconde partie a-t-elle pour objet ces contradictions qui nous rendent sceptiques, qui font de Houellebecq un auteur agaçant, fatigant, suspect. Nous déclinons trois strates. D'abord la strate fondamentale : l'absolutisation généralisée dont fait preuve le discours houellebecquien, qui fonctionne au régime du « ressentiment » ; la strate où cela mène : les impasses politiques de ce discours ; enfin, celle où se joue tout de même l'intérêt de Houellebecq : l'aspect symptomatique de son discours, révélateur exemplaire d'une époque : celle de l'idéal d'intensité. Pour conclure, nous nous appuyons sur des auteurs qui, pouvant faire des diagnostics en partie similaires à ceux de Houellebecq, proposent des stratégies semblant plus efficientes pour s'en dégager et se sortir des impasses que nous aurons explicitées