Les scènes labellisées du spectacle vivant aux prises avec leur territoire : à travers le Channel, scène nationale de Calais

Les acteurs culturelles s’emparent depuis plusieurs années de cette question du territoire au sein de leur action, en témoigne l’apparition du réseau « on est un certain nombre », groupe de réflexion autour des projets artistiques et culturels de territoire portés par des structures culturelles. Au contact direct des usagers, les scènes labellisées semblent être les mieux à même à comprendre les besoins et logiques de leur secteur d’implantation. Leur marge de manoeuvre leur permet de traduire en action concrète les missions qui leur sont conférées. Or, la légitimité de ces équipements culturels n’a pas toujours été évidente ; voire parfois même refusée par les administrations et les populations locales. L’ échec constaté de la démocratisation culturelle a provoqué une pluie de critique envers les théâtres publics labellisés (et notamment les scènes nationales). Ils sont accusés « de servir une offre élitiste imposée d’en haut ». Par conséquent, le soutien des communes envers ces structures a été à plusieurs endroits lourdement remis en cause. L’histoire du Channel, sur lequel nous reviendrons dans l’analyse, est en ce sens démonstrative.Cette « guerre de légitimité » amène à s’interroger sur les impacts des politiques culturelles territorialisées sur la territorialisation effective des projets culturels menés par les scènes labellisées. Plus précisément, le présent rapport s’attachera à découvrir dans quelle mesure la territorialisation des actions menées par les scènes labellisées légitiment leur position face à la montée en puissance des échelons sub-étatiques dans le domaine culturel