De la plume à l'épée : une poésie guerrière et guérisseuse

L’écriture poétique d’Henry Bauchau, bien qu’éclairée par l’espérance, se révèle par moment rugueuse, car liée à un imaginaire guerrier particulièrement prégnant. Il y a en effet dans sa pratique de l’écriture, un isomorphisme entre la plume et l’épée, ainsi qu’il l’évoque dans ses souvenirs de jeunesse (L’Écriture et la Circonstance) et tel que le suggère l’influence de la culture extrême-orientale dans son oeuvre. Dans cette pratique de la plume s’entend un rapport au corps qui évoque une proximité avec les arts martiaux, soulignant l’importance du souffle, du rythme de la respiration. Inspirée par ce modèle, l’écriture bauchalienne vise ainsi une pureté du poème grâce à un lent et patient travail d’émondage, qui identifie l’écriture à un geste rituel accompli dans le but de se purifier soi-même. En ce sens, la parenté discrète avec les arts extrême-orientaux fonde, symboliquement, l’ambivalence d’une plume à la fois guerrière et guérisseuse, telle qu’elle incarne une pacification de la violence du quotidien