L'activité diplomatique de Jean Chevrot, évêque de Tournai et président du conseil de Philippe le Bon (1433-1457)

Jean Chevrot est de ceux que l’on ne présente pas : commanditaire de l'exceptionnel retable des Sept Sacrements de Roger van der Weyden, figurant sur le frontispice des Chroniques de Hainaut, il est président du conseil du duc de Bourgogne et celui pour qui Philippe le Bon négocie trois longues années durant le siège épiscopal de Tournai. Chevrot est sans conteste l'une des plus grosses pointures politiques de son temps. Paradoxalement, aucune biographie, aucune étude de grande ampleur ne lui a encore été spécifiquement consacrée, au contraire de son successeur, Guillaume Fillastre, ou de son proche collaborateur, Nicolas Rolin. Quelques publications récentes nous décrivent un grand mécène, un bibliophile averti, un homme profondément attaché à sa terre natale, la Franche-Comté, et tout dévoué à Philippe le Bon et à son épouse, Isabelle de Portugal. Le but de cette étude sera d'aider à comprendre quel homme politique est Jean Chevrot, quel est son travail quotidien à la cour de Bourgogne, quelles sont ses spécialisations et les évolutions de sa longue carrière politique ? Ce bref survol de la carrière de Jean Chevrot montre un ministre polyvalent et fiable auquel on n'hésite pas à confier des dossiers épineux et un homme qui sait se faire apprécier. A bien y regarder, dans l'état actuel des connaissances, on distingue deux phases dans son parcours de chef du conseil ducal : - les années 1433-1443, durant lesquelles Chevrot, qui débute son parcours d'homme politique et sa carrière épiscopale, est omniprésent. Il cumule les charges, ecclésiastiques et civiles, et est constamment au devant de la scène. - les années 1444-1457 (année de son retrait du conseil aulique), pendant lesquelles Chevrot continue bien sûr d'assumer ses fonctions ordinaires et quotidiennes de ministre et d'évêque de Tournai, mais en dehors de cela ne se voit plus confier, sauf exceptions, que des missions plus ponctuelles et moins retentissantes. En définitive, Jean Chevrot donne moins cette sensation d'omniprésence sur le devant de la scène que ses homologues Jean de Thoisy et surtout Guillaume Fillastre. Encore que notre connaissance du travail quotidien des fonctionnaires de l'administration ducale, fussent-ils des employés de luxe, reste tributaire de l'état des sources