Contexte scolaire et bien-être des élèves

Chaque enfant ou adolescent passe la majeure partie de son temps éveillé entre les murs d'une école. Cependant relativement peu d'études ont examiné l'impact de l'environnement scolaire sur le bien-être des jeunes. Outre les caractéristiques individuelles des élèves, les chercheurs, issus de différents domaines – psychologie, sociologie, santé publique, ont mis en évidence l'impact du vécu social en contexte scolaire, comme le fait d'être victime de harcèlement (Graham & Bellmore, 2007 ; Hawker & Boulton, 2000) ou, au contraire, de pouvoir compter sur le soutien d'amis (Wentzel et collègues, 2004), sur la dépression. Certaines études ont également montré le rôle protecteur du soutien d'adultes signifiants (Rigby, 2000). Enfin, l'environnement scolaire joue également un rôle via le climat de classe véhiculé par les pratiques des enseignants (LaRusso et collègues, 2008 ; Modin & Ostberg, 2009) et le climat régnant au sein de l'école (Suldo et collègues, 2008). Certaines études ont opté pour une approche multidimensionnelle incluant à la fois des aspects propres à l'élèves, sa famille et son environnement scolaire (Hoglund & Leadbeater, 2004 ; Ellonen et collègues, 2008) mais peu ont pris en compte l'effet de la victimisation vécue, pourtant largement documenté. Nous proposons ici de présenter les résultats issus d'une large étude en région bruxelloise. Ces données récoltées auprès de 3000 élèves de troisième permettent d'avoir une vision écologique du phénomène de dépression chez les jeunes, incluant facteurs individuels, familiaux et scolaires. Les différentes variables mesurées par questionnaire auto-rapporté sont les symptômes dépressifs, le contexte familial (SES et support perçu), le vécu social à l'école (victimisation et support des pairs), le vécu académique (résultats scolaires et redoublement) et le contexte scolaire au niveau classe (support et traitement différencié de l'enseignant) et au niveau école (consistance des règles disciplinaires et violence). Les résultats d'analyses multiniveaux indiquent une variation modérée des symptômes dépressifs selon la classe fréquentée mais pas de variation au niveau des écoles. Ces variations au niveau de la classe sont en partie liées aux pratiques des enseignants mais pas à la composition du public d'élèves. Au niveau individuel, on observe d'importants effets du genre et du fait d'être victime de harcèlement. En conclusion, les résultats soulignent l'importance du contexte scolaire pour le bien-être des élèves. Nous discuterons des leviers d'action potentiels suggérés par ces résultats, incluant des interventions ayant un impact direct (via le climat de classe) ou indirect (via des interventions visant à diminuer le harcèlement)