Argos en ses remparts

Le développement de la ville d’Argos, de l’époque géométrique à l’époque romaine, suit une ligne nette : la zone où se créera le centre urbain y fut d’abord, comme en d’autres villes, une vaste zone occupée par des cimetières au sein desquels les tombes de caractère « héroïque » donneront un relief particulier. Cette nécropole, où les futurs citoyens se retrouvaient au milieu des morts, est l’embryon d’une vie sociale que les premiers sanctuaires et autres aménagements de l’espace sacraliseront, offrant alors à la cité naissante l’espace « public » que ses membres organiseront progressivement. Pour suivre la genèse et le développement de cette « ville », l’étude attentive du rempart, à partir des traces qu’il a laissées d’une époque à l’autre, sans les confondre, se révèle être une démarche particulièrement efficace, qui amène à poser quelques questions fondamentales : qu’est-ce qu’un centre « urbain » au départ ? Non point ville d’habitat, mais point focal d’une agglomération dispersée dans la campagne, où se concentrent les institutions religieuses et politiques, où se rassemblent les citoyens autour des gymnases, où l’armée est mobilisée, où s’organisent les fêtes. Et cet ensemble sacré, parce qu’il est sacré, n’a pas besoin au départ d’être protégé ou enclos