L'appropriation socio-technique du lecteur mp3. L'expérience d'écoute de l'auditeur-baladeur

La musique est une activité très ancienne de notre quotidien. En nous séparant d’une nécessaire co-présence physique de l’émetteur, l’apparition de la technologie d’enregistrement du son a fortement modifié notre rapport à l’objet musique. L’évolution technologique de la diffusion sonore au 20e siècle a apporté des réductions de la taille et une démocratisation des appareils, une hausse de la qualité sonore et une individualisation des pratiques, notamment par le casque (Sterne, 2003). Au milieu de tout cela, l’apparition du Walkman au début des années 80 a marqué la population par la surprise de voir quelqu’un réaliser une écoute privée dans un espace public. En plus de ne plus être lié à l’émetteur de musique, l’auditeur se sépare également d’un lieu d’écoute. La pratique d’écoute est également plus individuelle. Trente ans plus tard, l’iPod a déjà 10 ans et l’écoute au moyen d’un baladeur audio semble se généraliser et, peut-être, devenir le mode d’écoute de la musique le plus courant. La mobilité de l’auditeur est réalisée par la diminution de la taille du lecteur mp3, la batterie inusable, la grande capacité musicale possible. L’expérience d’écoute se joue sur l’écoute au casque qui permet une immersion dans la musique tout en évoluant dans son quotidien. Les recherches existantes se sont focalisées sur des dimensions précises de la pratique d’écoute de l’auditeur-baladeur : le rapport à l’environnement, le rapport entre le public et le privé, le rapport à soi (Beer, 2007 ; Bull, 2005 ; Pecqueux, 2009 ; Simun, 2009 ; Thibaud, 1994). Dans le cadre de ma thèse, j’aimerais proposer une compréhension plus unifiée de la pratique d’écoute en me basant sur le cadre théorique de l’appropriation socio-technique (Bardini, 1996 ; De Smedt, 2006 ; Flichy, 2003 ; Millerand, 1998 ; 1999 ; 2002 ; Proulx, 2001). Dans un premier temps, une ethnographie de la dynamique d’adoption de l’objet par ses usagers permet d’appréhender la signification que ceux-ci donnent à leur pratique. La compréhension approfondie de l’expérience d’écoute m’amènera, dans un deuxième temps, à définir ce qu’est aujourd’hui l’écoute musicale à partir de variables qui prennent en compte le contexte quotidien, le social et le technique. Lors de cette communication, j’envisage de présenter les premiers résultats de ma phase exploratoire, actuellement en cours. Les treize observations déjà réalisées ont permis de faire ressortir une première série d’indicateurs liés à la manipulation technique de l’objet et à la définition de la situation d’usage. Dix entretiens avec des usagers sont actuellement en cours et viendront préciser l’analyse des observations. Je souhaite conclure cette exploration en tâchant de dégager une série de variables qui me permettent de proposer un modèle d’analyse des pratiques d’écoute à l’aide d’une technologie mobile