La violence des jeunes et le drame de la reconnaissance : sens du recours à la violence chez des jeunes agresseurs

La violence est un des problèmes majeurs des sociétés. Dans cette communication, j’exposerai quelques résultats de mes recherches qualitatives sur la violence des jeunes en milieu scolaire au Chili. De plus en plus cette violence est considérée comme absurde, gratuite et donc irritante. On oublie ainsi que le non-sens se produit chez l’observateur et rarement chez l’acteur. On comprend davantage l’expérience de la victime et moins celle de l’agresseur. Un des principaux résultats de mes recherches est que, pour les jeunes agresseurs, le recours à la violence a comme sens l’obtention de reconnaissance des groupes de pairs. En effet, on voit apparaître que pour les jeunes agresseurs la peur des autres est une manière de s’assurer de leur existence et de leur valeur personnelle dans le regard des autres et par ce biais, ils obtiennent une reconnaissance qu’ils ne parviennent pas à trouver autrement. Par ailleurs, on observe, tout comme les recherches quantitatives en la matière, que le recours à la violence diminue quand on approche des deux dernières années du secondaire. Parmi une multitude de facteurs qui expliquent cette déclinaison de la violence, un bouleversement de l’importance de l’image personnelle face aux autres apparaît comme facteur décisif dans le discours de jeunes. Autrement dit, la diminution de la violence paraît aller de pair avec la perte de la valeur des identifications spéculaires pour donner place à une autre manière de produire une « identité ». Dès lors, je suggère qu’il est central dans la prévention de la violence de favoriser ce processus. Mais comment pourrait-on réduire la prégnance de la fascination par l’image de soi ? La psychologie clinique nous apprend énormément sur cette question, mais je suivrais ici le discours des jeunes pour en dégager quelques modestes suggestions