Les évolutions dans le traitement public du sans-abrisme : vers un changement de paradigme?

Apparue en tant que question sociale à part entière au début des années 90, le sans-abrisme s’est d’abord construit sur base d’un traitement lié à l’urgence et à l’humanitaire. Parallèlement, un mouvement plus global a secoué la plupart des sociétés européennes par l’arrivée du référentiel de l’activation sociale. Responsabilité, autonomie, prise en charge individuelle sont à présent les maîtres-mots de nombreux dispositifs ayant pour mission d’intervenir auprès des plus précarisés. Le passage du traitement dans l’immédiateté à l’évolution par le projet d’insertion et sa dynamique temporelle – notamment par le biais de processus évaluatifs - constitue ainsi une nouvelle porte d’entrée pour la plupart des politiques sociales. Cette thèse interroge donc l’avènement de ce référentiel dans le secteur du sans-abrisme et de l’exclusion des acteurs en partant essentiellement du point de vue des acteurs, travailleurs sociaux et bénéficiaires de ces dispositifs. Nous ambitionnons de montrer que loin d’une simple adhésion aux valeurs et normes proposées par ce nouveau référentiel, ces acteurs font en sorte de les adapter à leurs stratégies identitaires et relationnelles. Leur mise en œuvre effective appelle irrémédiablement ces acteurs à conjuguer différentes temporalités alors les rythmes de l’action publique et celui des acteurs connaissent invariablement d’importants décalages. Pour ce faire, nous interrogeons notamment la carrière de ces bénéficiaires au sein des dispositifs en tentant de mettre à jour non plus les phénomènes d’exclusion mais bien les processus de réinsertion et leur déploiement dans le temps où passé, présent et futur forment un tout indissociable.(Faculté de sciences économiques, sociales et politiques) -- FUSL, 201