Ce que les Animal Studies font à la sociologie (et réciproquement)

International audienceIntroduction Je vais évoquer dans ce texte les rapports que la discipline so-ciologique entretient avec l'objet « animal » d'une part, et avec les Animal Studies, d'autre part. Il s'agira de proposer une analyse s'appuyant sur des textes à vocation programmatique, dans lesquels les auteurs proposent un certain nombre de constats con-cernant la place occupée par l'objet « animal » en sociologie. Il s'agit bien souvent, donc, d'analyses de seconde main, faites d'impressions, de spéculations, de considérations normatives et épistémologiques, que je vais à mon tour analyser. La posture que j'essaie d'adopter est celle d'un sociologue travaillant depuis plusieurs années sur les relations humains-animaux, ayant dû pour cela consulter les nombreuses propositions épistémolo-giques sur le sujet, et souhaitant par ailleurs, aborder les rapports entre ma discipline et la question animale en tant que sociologue des sciences. Parce qu'un sociologue ne devrait pas cesser de l'être quand il est question de sa discipline, je prends donc ces rapports comme un objet à part entière, dans une tension entre ma position indigène et une volonté d'extériorité. C'est la question de la séparation ou de l'hybridation entre science et politique, entre épistémique et normatif, qui m'intéressera tout particuliè-rement ici, bien conscient que les Animal Studies, isolément ou dans leurs rapports avec la sociologie, ne se développent pas « dans l'absolu », répondant à une nécessité épistémologique, un simple « besoin de savoir. » Dans d'autres travaux, j'essaie préci-sément d'aborder les Animal Studies comme un phénomène social , émergeant dans le sillage des mobilisations pro-animaux et plus largement dans celui des évolutions récentes de nos rapport