Les États-Unis dans les livres pour la jeunesse du 11 septembre 2001 à l’élection de Barack Obama : la réinvention made in France du modèle américain

International audienceLes États-Unis des documentaires et des romans destinés aux jeunes lecteurs sont à la fois un pays ancré dans une réalité historique et géographique et l’espace idéal qui permet aux Français de réfléchir à leur propre pays, à son histoire, à ses valeurs et à son projet collectif. Entre le 11 septembre 2001 et l’élection de Barack Obama, le pays des Pilgrims Fathers, de George Washington et des tuniques bleues a constitué une source d’inspiration féconde pour les auteurs de documentaires qui découpent des épisodes dans l’histoire américaine et qui explorent ces séquences. Comme ces moments historiques sont autant de thèmes popularisés par la littérature et le cinéma, les documentaires recensés sont traversés par une tension contradictoire entre l’exigence de vérité qui définit leur secteur éditorial et la dimension mythique de leur sujet. Lorsque le déplacement outre-Atlantique s’associe au détour historique, les États-Unis des auteurs pour la jeunesse dessinent un territoire riche d’enseignement. Par contraste, lorsque les auteurs français regardent l’Amérique de George W. Bush, du 11 septembre 2001, l’espace américain devient muet et vide de sens. Faudra-t-il conclure que les livres pour la jeunesse parus depuis 2001 offrent une vision très contrastée des États-Unis ? Vus comme la terre d’une histoire brève mais dense, ceux-ci suscitent le rêve et la réflexion. Vus sous l’angle de l’actualité immédiate, ils n’apparaissent plus comme une collectivité nationale orientée vers un avenir intelligible. Les nombreux ouvrages consacrés à l’histoire des Noirs américains invitent, cependant, à nuancer ce bilan. Associée aux pages les plus dramatiques de l’histoire américaine (esclavage, ségrégation), la question raciale inspire paradoxalement des ouvrages optimistes quant à l’avenir américain : d’une part, parce qu’elle permet aux auteurs pour la jeunesse de substituer une continuité au hiatus historique ; d’autre part, parce que cette continuité est celle d’une téléologie positive. Amorcée avec l’enfer de l’esclavage, elle prend la forme d’un progrès qui n’a pas encore atteint son stade ultime. L’histoire des Noirs américains est, paradoxalement, l’angle qui permet aux auteurs français de continuer à montrer les États-Unis comme un espace qui instruit et qui fait espérer