Martial et les voleurs au banquet (Épigrammes 8, 59 et 12, 28) : métamorphoses d’un motif entre iambe et épigramme

Le thème du vol a perdu beaucoup de l’agressivité et même de la polémique sociale, élitiste, qu’il avait dans la poésie ïambique des origines : la caractérisation du voleur comme un exclu et un déviant social, ou comme un être abominable, un freak, est un motif encore vivant, mais, de l’époque de l’épigramme hellénistique, elle a un bout comique et grotesque plus que moraliste. Dans la comédie, l’attention s’était concentrée sur le rapport entre le patron et le parasite et même dans l’épigramme satirique et dans la littérature en prose grecque de l’époque impériale on constate que le voleur-parasite commet ses vols au détriment du patron, bien sûr avec ingratitude. Dans les poèmes de Catulle et de Martial, la présence remarquable du vol des serviettes personnelles n’est pas un détail secondaire et futile : dans l’épigramme romaine, on trouve un changement d’orientation du thème du vol, on focalise l’attention sur les effets sociaux du vol au banquet, dans le milieu des convives ; c’est pour cause, donc, que Martial revivifie des topoi de la tradition littéraire, notamment le vol de la cape ou du manteau ou même de la lampe