Évolution des typologies alimentaires : influence des déterminants géographiques et socioéconomiques

La prévention des maladies chroniques liées à la nutrition constitue actuellement un enjeu majeur de santé publique, comme en témoigne la mise en place récente d’une "Politique Nutritionnelle de Santé Publique" en France. Dans ce contexte, il apparaît particulièrement important de pouvoir définir des typologies alimentaires, de préciser leur relation avec leurs déterminants et d'évaluer leur évolution dans le temps. Ces différents éléments ont fait l’objet de notre travail de recherche, dont l’originalité est d’avoir combiné différentes approches de l'étude de la variabilité des comportements alimentaires et de leur évolution en prenant en compte simultanément les indicateurs géographiques et socioéconomiques. A partir des données des enquêtes MONICA (Multinational Monitoring of Trends and Determinants in Cardiovascular Disease), réalisées en 1985/89 puis en 1995/97, nous avons d'abord mis en évidence une amélioration de l'équilibre lipidique de l'alimentation dans la population MONICA du Bas-Rhin, à 10 ans d'intervalle, indépendamment du niveau d'éducation. Nos recherches ont ensuite porté sur les 3 centres français MONICA (Bas-Rhin, Haute-Garonne, Communauté Urbaine de Lille) : nous avons identifié deux typologies, décrivant une alimentation prudente et une alimentation occidentale et montré des associations fortes entre la typologie alimentation prudente et les déterminants géographiques et socioéconomiques. Nous avons, dans un dernier temps, examiné l’évolution des relations entre les facteurs géographiques et socioéconomiques, et les typologies alimentaires entre la première et la deuxième enquête : cette évolution est marquée par une atténuation des disparités régionales et par le renforcement de l'influence des déterminants socioéconomiques sur les choix alimentaires. Les résultats de l'étude HALE (Healthy Ageing: a Longitudinal study in Europe) confirment l’existence d’un gradient nord-sud de qualité de l’alimentation à l’échelle de l’Europe. Les données de cette étude longitudinale nous ont surtout permis d’étudier de façon prospective le rôle de l’alimentation, décrite à partir de deux typologies, sur la mortalité de sujets âgés de 70 à 90 ans, vivant dans 11 pays européens. La principale typologie, caractérisant une alimentation riche en fruits et en poissons et pauvre en graisses/huiles et sucres/confiseries est associée à une réduction significative de la mortalité chez les hommes. Dans l’étude menée dans une population de Collégiens scolarisés en classe de 6e dans le Bas-Rhin, nous avons étendu la notion de typologies à d’autres comportements susceptibles d’interagir avec l’alimentation : nous avons montré l’existence d’interrelations entre les habitudes alimentaires, l’activité physique, et certains facteurs sociodémographiques. Nous avons ainsi pu déterminer des comportements "de santé" opposés à des comportements "à risque", permettant de cibler des groupes susceptibles de bénéficier d'un soutien et d'une attention particulière dans les programmes de prévention. Les résultats concernant l’existence d’interdépendances entre les déterminants géographiques et socioéconomiques et les données évolutives, marquées par l’atténuation de l’influence des facteurs géographiques et le renforcement de l’influence des déterminants socioéconomiques sur les choix alimentaires, fournissent des informations complémentaires susceptibles d’orienter les recommandations de santé