L'investissement maternel selon le sexe du jeune chez le mouflon des Rocheuses (Ovis canadensis)

L'investissement maternel différentiel, envers les agneaux et agnelles, a été étudié dans la population de mouflons des Rocheuses (Ovis canadensis) de Ram Mountain, en Alberta, de 1975 à 1992. La théorie d'investissement maternel différentiel prédit que les femelles d'espèces polygynes à dimorphisme sexuel devraient investir davantage d'énergie dans les rejetons mâles que femelles, afin de maximiser leur propre "fitness" (valeur sélective). Par conséquent, l'hypothèse qui stipule que les mouflonnes qui ont sevré des agneaux (rejetons mâles) vont encourir des coûts de reproduction plus élevés que les mouflonnes qui ont sevré des agnelles (rejetons femelles) a été testée dans cette population. Les résultats ont démontré que les mouflonnes qui ont élevé des agneaux subissent des coûts de reproduction qui sont supérieurs à ceux des mouflonnes qui avaient élevé des agnelles: les jeunes nés l'année suivant le sevrage d'un agneau avaient de plus fortes chances de mourir avant d'atteindre l'âge d'un an comparativement aux jeunes nés après une agnelle. De plus, les mères ne réussissaient pas souvent à élever des agneaux (rejetons mâles) pendant deux années consécutives. Il y avait également une tendance dans cette population, bien que non significative, pour que les mouflonnes qui avaient sevré des agneaux aient une plus faible probabilité d'élever un jeune jusqu'au sevrage l'année suivante, comparativement aux mères ayant sevré des agnelles. Il a aussi été démontré que cette différence en potentiel de reproduction suivant un agneau ou une agnelle est significative dans une autre population de mouflons, celle de Sheep River, en Alberta. Le sexe du jeune n'a pas affecté les changements en masse corporelle maternelle, ni pour les mères primipares de 2 ans, ni pour les mères de 3 ans et plus. Ainsi, les mères élevant des agneaux n'ont pas démontré un gain de masse inférieur pendant l'été comparativement aux mères d'agnelles, il n'y a pas eu de perte différentielle de masse hivernale entre les mères ayant sevré des agneaux et celles ayant sevré des agnelles et la masse au 5 juin de l'année suivant le sevrage ne variait pas selon le sexe du jeune sevré. Contrairement à ce qui avait été prévu, la densité de population n'a pas influencé l'expression des coûts différentiels de reproduction. Bien que la différence en coûts de reproduction selon le sexe du jeune soit faible chez les mouflonnes de la population de Ram Mountain, les résultats de cette étude se joignent à ceux d'autres études pour soutenir que les mouflonnes investissent plus d'énergie dans les rejetons mâles que femelles et qu'elles adoptent ainsi une stratégie d'investissement maternel différentiel