L’âgisme : une discrimination aux frontières en mouvement

International audienceInitié aux USA par Bultler (1969), le terme d’âgisme a fait officiellement son entrée dans la langue française en 1984 dans le Dictionnaire des personnes âgées, de la retraite et du vieillissement, réalisé sous la direction du Pr. Jean-Charles Sournia, au nom de la Commission ministérielle de terminologie auprès du Secrétaire d'Etat chargé des personnes âgées. L’âgisme y est défini comme « l’attitude ou le comportement visant à déprécier les individus du fait de leur âge » (p.18). Cette définition est assortie d’une note : « Ce terme est formé par analogie avec racisme. Il s'emploie plus particulièrement pour désigner la discrimination dont sont victimes les personnes âgées »). Cette définition fut reprise un an plus tard dans l’Arrêté du 13 mars 1985 relatif à l'enrichissement du vocabulaire relatif aux personnes âgées, à la retraite et au vieillissement ; là encore accompagnée de la même note. Cette définition n’est pas l’objet d’un consensus en termes de recherches (il existe un grand nombre de définitions, cf. Palmore (2003), mais elle permet de réaliser en première intention une sorte de tri entre ce qui peut être âgiste et ce qui ne l’est pas. Cette définition a en outre des avantages, car retenir la notion d’attitude à côté de celle de « comportement » permet d’intégrer dans la définition les aspects affectifs et cognitifs, donc les croyances, préjugés et stéréotypes. Cette définition ne permet cependant pas de résoudre un problème d’acceptation individuelle ou collective : une prévenance peut être vécue comme une discrimination, voire un préjudice par le scientifique, le technicien ou … par le sujet à qui s’adresse cette prévenance. Et c’est bien le problème de l’âgisme, lorsqu’il s’agit de lutter contre lui : les frontières qui le constituent sont prises dans un mouvement à la fois collectif et individuel et on comprend toute la complexité de la mise en œuvre d’une prévention. Si de nombreuses études se sont penchées sur les causes de cet âgisme, une partie d’entre elles montre que les personnes les moins informées sur le vieillissement sont les plus susceptibles d’entretenir des attitudes négatives envers les personnes âgées. C’est peut-être là une voie possédant une forte valeur d’impact. L’auteur rend compte des résultats de recherches conduites en Pays de Loire et reposant sur un partenariat entre l’Université d’Angers et la Ville d’Angers (CCAS) ayant permis la réduction significative de l’âgisme évalué à l’aide de la FSA-R (Boudjemad et Kana, 2009) en mettant des étudiants en présence de personnes âgées dans le cadre d’activités accompagnées (Ehpad, portage de repas à domicile …). Si la sensibilisation a un effet (n-4.14 à -4.60), l’activité auprès des personnes âgées (n-5.29) permet à des groupes d’étudiants d’obtenir un taux d’âgisme (41.86) au plus prêt des taux obtenus chez les professionnels du vieillissement (40.02) et loin des taux observés auprès de groupes standards (53.13)