Quelques interprétations paléométallurgiques à partir de l'analyse morphologique, microscopique et chimique de spécimens métalliques et scorifiés de Bithnah

International audienceLe site de Bithnah (Emirat de Fudjairah), se situe dans une oasis localisée à l’extrême nord des montagnes d’Al Hajjar (séparant les Emirats Arabes Unis et le Sultanat d’Oman). Il est daté du Fer II, soit entre 1100 et 600 avant notre ère. Les objets étudiés proviennent d’un site cultuel dans lequel ont été trouvées des scories de réduction et des fragments de minerais, vestiges d’activités liés à la métallurgie du cuivre ; ainsi que dans une jarre richement décorée, des boulettes de métal issues de l’étape de réduction. Les scories ont été comparées à celles présentes sur des sites d’ateliers voisins, et d’autres plus éloignés situés dans l’Emirat d’Oman. L’analyse a porté sur la partie scoriacée des scories et leurs inclusions métalliques, sur les minerais et sur les spécimens entièrement métalliques. Il semblerait que le minerai corresponde à un mélange de chalcosine et de bornite. L’analyse des parties scoriacées montre une teneur anormale en fer qui semblerait indiquer un ajout sans doute spécifique ne contenant que du fer. Il y a également présence d’au moins un autre matériau autre que le minerai. Ce dernier pourrait correspondre à du gabbro, roche encaissante des filons minéralisés. La comparaison avec les scories d’ateliers de différentes époques semble montrer que le procédé peut être relativement semblable sur une vaste période de temps. Enfin, l’analyse du métal des sites de Bithnah et de Masafi montre des compositions différentes. Ainsi plusieurs secteurs miniers de signatures diverses peuvent avoir été ouverts dans la péninsule, à moins que certains ateliers aient importé leur minerai de régions plus éloignées. Dans l’ensemble, le contexte de découverte montre que c’est le métal et le travail de l’artisan qui est mis en valeur sur ce site cultuel, plus que l’objet ou l’élément de parure. Cette étude a montré également qu’à travers l’étude des scories de réduction et de ses billes de cuivre, il est possible de connaitre la signature chimique du métal produit