Complexité sociale et simplification rationnelle : dire la stratification au Moyen Âge.

International audienceToute méthode inductive, partant de l'individuel et du concret pour aboutir au collectif et à l'abstrait, soulève le problème de la complexité. C'est d'autant plus vrai en histoire que le diachronie empêche de percevoir la stratification sociale de façon figée. Pour distinguer les différentes catégories, il est indispensable de dissocier la description que les médiévaux eux-mêmes en donnaient de celles qu'exposent de nos jours les médiévistes. D'une part les clercs utilisent des cadres assez simples de nature binaire, tertiaire ou quaternaire, mais ils augmentent, dès le XIIe siècle, le nombre d'état jusqu'à des chiffres proches de la centaine, alors qu'ils proposent des analyses socio-professionnelles plus complètes. Les historiens qui interprètent de nos jours ces taxinomies médiévales utilisent des grilles de nature sociologique, symbolique ou rhétorique, angles d'attaque différents donnant du sens à ces lectures médiévales de la réalité sociale. D'autre part, les classements des médiévistes contemporains se fondent parfois sur un seul critère : le sang ou l'activité politique, par exemple, pour la noblesse. A cette démarche, il convient de préférer une approche hétérogène, qui multiplie les points de vue autour de la notion wéberienne de "status", et de ses corollaires, le rang et le rôle. Le regard d'autrui et la reconnaissance sociale déterminent les codes et les marqueurs sociaux, que certains documents, comme les sources littéraires ou les enquêtes orales à la fin du Moyen Age, permettent de bien appréhender