Que ne se sont-ils compris ! Benveniste, Lacan, Culioli

Benveniste, cinquante ans aprèsInternational audienceAprès un bref rappel du rapport qui s’est établi entre Benveniste et Lacan, déçu par la réponse du linguiste à sa demande de contribution sur le sens opposé des mots primitifs, nous posons la question de ce qui distingue l’ « appareil formel de l’énonciation » et le sujet de l’énonciation, celui dont Lacan cherchait les traces dans les signifiants, comme dans le ne dit explétif, dont il a livré un commentaire à l’adresse des grammairiens. A. Culioli a signalé, dans sa lecture critique de Benveniste, à propos de la bipartition entre les formes de la langue et l’énonciation, la distinction qui est faite entre « La négation comme opération logique (…) indépendante de l’énonciation », dont la forme est ne…pas, et la « particule assertive non», qui, comme oui, est de l’ordre de l’énonciation. Incompréhensible restriction, pour le linguiste du sujet énonciateur comme pour le psychanalyste du sujet parlant. Nous reprenons les remarques de Lacan sur certains emplois du ne explétif et certaines des analyses que Culioli a proposées de son côté, pour essayer de montrer non pas que la linguistique énonciative doive viser le sujet de l’inconscient mais que l’on ne peut saisir l’énonciation sans s’interroger sur les représentations et les mouvements qui s’opèrent dans l’activité de langage, ce que Benveniste renvoyait à une instance externe à la langue