Le métissage dans la Martinique de l’époque esclavagiste: un phénomène ordinaire entre refoulement et acceptation

International audienceDu XVIIe au XIXe s. la co-existence en Martinique de populations aux origines très variées (amérindienne, française et africaine) a généré des processus de métissage répandus et largement discutés par les contemporains. La fréquence du métissage est étudiée depuis la période pionnière jusqu’aux crispations croissantes de la fin du XVIIe s. et du siècle suivant. Au XVIIIe s. et jusqu’à l’abolition de 1848, la présence de mentions de couleur sur les registres de baptême puis d’état civil permet une mesure plus précise du métissage pour les libres et même pour les esclaves.Le métissage n’est jamais critiqué pour des raisons strictement raciales de pureté de sang, mais pour des raisons de conservation de l’ordre moral, puisqu’il est souvent associé à l’illégitimité, ou socio-politique lorsqu’il remet en cause la domination des Blancs créoles. Dans la mesure où il se réalise hors du cadre légal du mariage, une tolérance s’installe au cours de la période et il s’impose alors comme un fait majeur de cette société coloniale. Les hommes blancs ont une descendance illégitime 4 à 5 fois plus importante que leur descendance légitime. A l’échelle insulaire, et entre la fin du XVIIe s. et l’abolition de 1848, ils sont à l’origine de 3,2% à 13,6% des naissances d’enfants nés esclaves, et dans la seconde moitié du XVIIIe s. d’environ 40% des enfants de couleur nés libres. Le processus de blanchiment de la population est fortement accompagné par les femmes de couleur, non seulement les libres, à même de choisir leur conjoint en autonomie, mais aussi par celles maintenues dans l’institution de l’esclavage. Le critère de couleur est ainsi pris en compte par les femmes de couleur dans le choix des partenaires, au détriment des hommes noirs