Le roi et les Baux, la mémoire et la seigneurie (Arles, 1269-1270)

International audienceDans son dernier ouvrage, Noël Coulet publie et commente l’enquête menée en 1359 à Entrevennes et à Riez pour déterminer, dans le cadre d’un procès commercial, la filiation d’Annibalet de Moustiers, coseigneur des lieux. C’est avec précision, élégance et clarté que son étude tire du silence la voix des maîtres, des paysans et des sages femmes de ces deux villages de Haute Provence, dont les dépositions orales ont été fidèlement consignées par un greffier rigoureux. Réveillé par le questionnaire du notaire, leur souvenir remémore la naissance, le mariage et la mort des seigneurs, leurs liens de parenté et leur domination sur les paysans. Il apporte au médiéviste des lumières insoupçonnables sur le fonctionnement de toute une société rurale.D’une nature similaire, le document que nous présentons ici permet de pénétrer la mémoire d’un groupe nombreux de Provençaux de la fin du Moyen Age. Conservé dans la chambre des comptes d’Aix, le Liber rubei Arelatis et Tharasconis contient l’enquête, menée entre 1269 et 1270, au sujet des limites litigieuses des territoires de la commune d’Arles, alors gouvernée par le roi Charles Ier, et de la seigneurie de Bertrand de Baux (†1305), comte d’Avellin Ceregistre, rempli d’une écriture soignée par une seule main, vraisemblablement de la fin du XIIIe siècle, comporte 261 folios en parchemin. Il a été élaboré à partir des notes prises dans les cartulaires de la cour comtale d’Arles sous le contrôle d’Estève Giraud et de quatre autres notaires à la demande de Guilhem d’Aix,procureur du roi, et des deux juges d’Arles (fol. 261-v)