Les représentations d'attachement chez les enfants et adolescents qui présentent un trouble anxieux : portrait familial et liens avec la psychopathologie

Parmi un ensemble des facteurs de risque, l’attachement a récemment été proposé comme une variable centrale dans l’étiologie des troubles anxieux, vu son impact sur le développement de stratégies de régulation émotionnelle. Un corpus empirique grandissant confirme une association entre l’attachement insécurisant et les symptômes intériorisés durant l’enfance et l’adolescence. Cependant, les conclusions divergent quant aux liens spécifiques entre les différents patrons d’attachement et l’anxiété, et la contribution des diverses influences familiales reste à clarifier. La présente thèse vise à explorer le rôle de l’attachement et des facteurs familiaux dans l’anxiété chez les enfants et adolescents. Le premier article a pour objectif préliminaire de valider l’Entrevue d’attachement de l’enfant (CAI) auprès d’un échantillon francophone d’enfants d’âge scolaire et d’adolescents (n = 53, 8-16 ans), via une analyse en composantes principales. À partir des dimensions issues de ce modèle, l’objectif principal est d’investiguer les liens entre l’attachement (approche dimensionnelle et catégorielle) et l’anxiété (approche diagnostique et comportementale), ainsi que les autres symptômes intériorisés. L’attachement a été mesuré par le CAI chez 30 jeunes qui ont reçu un diagnostic psychiatrique de trouble anxieux et chez 23 jeunes issus de la population générale qui ont rempli le questionnaire Behaviour Assessment System for Children (BASC-2), ainsi que leur mère. Les résultats suggèrent que le CAI est une mesure de choix à l’âge scolaire et à l’adolescence, vu la reproduction, en population francophone, d’un modèle bidimensionnel de l’attachement, semblable aux principaux modèles anglophones existants. Une proportion de sécurité d’attachement semblable est observée chez les jeunes anxieux (60 % face à la mère, 52 % face au père) et non anxieux (61 % face à la mère, 62 % face au père). Cependant, le niveau de préoccupation d’attachement, marginalement plus élevé dans le groupe clinique, est lié aux symptômes intériorisés et à la dépression, mais pas à l’anxiété, ce qui pourrait contribuer à expliquer la discordance des résultats empiriques actuels. Le second article décrit, plus en profondeur, le groupe clinique d’enfants et adolescents anxieux et leur famille (représentations d’attachement du jeune, du père, de la mère, fonctionnement familial et conjugal), en les comparant à des échantillons de référence. L’Entrevue d’attachement adulte (AAI) a été administrée aux deux parents lors d’une visite à domicile. Les deux parents ont complété l’Échelle d’ajustement dyadique (DAS) et l’Échelle d’environnement familial (FES). Globalement, les résultats montrent que les parents de jeunes anxieux présentent des stratégies d’attachement généralement complémentaires, soient l’hyperactivation chez une majorité de mères (67 %) et la désactivation chez une majorité de pères (76 %), suggérant une contribution à l’anxiété infantile. Au plan familial, les familles de jeunes anxieux se distinguent par une forte cohésion et peu d’indépendance entre les membres, et les couples parentaux par de faibles degrés de satisfaction, de cohésion et de consensus. En somme, l’ensemble des résultats de la présente thèse suggère que les facteurs systémiques (attachement parental, couple parental, famille entière), incluant l’influence paternelle, contribuent davantage à l’anxiété de l’enfant ou de l’adolescent, comparativement à son attachement