Étude sur l'immunolocalisation, la biogénèse et la régulation hormonale des apolipoprotéines au niveau du côlon fœtal humain

Le côlon humain au cours du développement foetal est remarquablement distinct du côlon adulte. Celui-ci présente des aspects comparables à l'intestin grêle: la présence de structures villositaires, l'expression d'enzymes de la bordure en brosse, un transport actif du glucose et la formation de lipoprotéines. Dans la présente étude, nous avons établi la localisation des apolipoprotéines A-IV, A-I, B-100 et B-48 le long de l'axe crypte-villosité dans le jéjunum et le côlon fœtaux humains à l'aide d'anticorps spécifiques. Nous avons aussi quantifié leur biogenèse entre 15 et 20 semaines de gestation et initié l'étude sur leur régulation hormonale en cultivant des explants intestinaux en présence soit d'hydrocortisone (50 ng/ml), soit d'EGF (100 ng/ml), soit d'insuline (3 mU/ml) ou d'IGF-I (50 ng/ml). Par immunofluorescence, la distribution des apo A-IV, A-I, B-100 et B-48 est similaire dans le jéjunum et le côlon. L'apo B-48 est présente dans tout l'épithélium intestinal contrairement à l'apo B-100 qui est retrouvée au niveau des cryptes et à la base des villosités. Le marquage des apo A-IV et A-I apparaît sous forme de gradient augmentant à partir des cryptes jusqu'à l'apex des villosités. Nous avons également établi la présence et la distribution des récepteurs d'IGF-I. Dans les deux segments intestinaux, les récepteurs d'IGF-I sont localisés tout le long de l'axe crypte-villosité. La synthèse des apolipoprotéines fut analysée par incorporation de [35s] méthionine suivie d'une immunoprécipitation et d'une électrophorèse sur gel gradient. Nos résultats démontrent la prédominance de l'apo A-IV (53.0%), suivie de l'apo A-I (23.9%), de l'apo B-48 (13.4%) et de l'apo B-100 (9.7%). Les apolipoprotéines présentent aussi différents schémas de développement: l'apo A-IV présente une augmentation précoce de synthèse à 16 semaines de gestation alors que les deux apo B ont des pics d'expression tardifs plus marqués à 18 semaines. Enfin l'apo A-I ne subit aucun changement puisque sa synthèse demeure élevée tout au long de la période étudiée. De plus, la synthèse de chaque type d'apolipoprotéines est modulée par les hormones et facteurs de croissance; à part une diminution significative de l'apo B-100 causée par l'EGF ainsi que la réduction de l'apo A-I par l'addition d'insuline, toutes les autres apolipoprotéines furent augmentées. Ces résultats suggèrent donc que le côlon partage plusieurs charactéristiques physiologiques avec l'intestin grêle et que celui-ci représente une source importante d'apolipoprotéines au cours du développement fœtal chez l'humain. Ces résultats suggèrent en outre qu'il existe une compartimentation fonctionnelle des cellules épithéliales le long de l'axe crypte-villosité. Enfin ces résultats démontrent que la synthèse des apolipoprotéines est potentiellement modulée par des facteurs hormonaux normalement présents dans l'environnement fœtal