Origine et implication du granule de zymogène dans la fonction exocrine du pancréas

Cette recherche a été entreprise dans le but général de préciser les mécanismes responsables du cheminement intracellulaire et de la sécrétion des protéines par le pancréas exocrine. On admet généralement que les cellules composant le tissu exocrine acheminent et traitent leurs protéines de sécrétion par un seul et même mécanisme et qu'elles présentent une réponse uniforme aux stimuli nerveux et hormonaux. Cependant, des travaux antérieurs ont démontré que les sécrétions basale et stimulée du pancréas présentent des différences de composition enzymatique et proviennent de deux pools différents dans le tissu. Nous avons voulu dans cette étude préciser le niveau d'organisation tissulaire de ces pools. Le granule de zymogène étant considéré comme le précurseur unique et immédiat des sécrétions basale et stimulée, nous avons d'abord tenté de préciser son origine puis de déterminer son implication dans ces deux processus. Nous démontrons par cytochimie sur des fractions de membranes de granules matures qu'elles présentent les activités thiamine pyrophosphatase, ATPase, ADPase et IDPase et aucune activité phosphatase acide. Ces observations, combinées à la localisation de ces enzymes sur les coupes de tissu suggèrent que le granule de zymogène dérive du Golgi et que le GERL serait en fait une différenciation du Golgi. Nous avons ensuite comparé directement la radioactivité spécifique des protéines sécrétées sous conditions de repos et de stimulation à celle des protéines contenues dans les granules de zymogène chez le porc après marquage à la leucine - 3 H. Nous avons montré que ces deux sécrétions ne proviennent pas d'un pool homogène dans le tissu puisque la sécrétion basale présente une radioactivité spécifique environ deux fois plus élevée que celle des granules à 85 min après le début du marquage. De plus, la radioactivité spécifique des protéines du jus pancréatique après stimulation est inférieure à celle des granules. Nous avons aussi étudié la possibilité que ces comportements puissent trouver leur explication dans la présence de plus d'une population de cellules acineuses dans le tissu en démontrant que le degré de dégranulation des acini n'est pas uniforme sous stimulation à l'urécholine in vivo et in vitro. Ces résultats indiquent que le pancréas n'est pas composé d'une seule population de cellules à comportement uniforme et que les sécrétions basale et stimulée ne dérivent pas d'un pool homogène de granules de zymogène dans le tissu. Nous suggérons que des mécanismes impliquant divers niveaux d'organisation du tissu pourraient expliquer l'hétérogénéité fonctionnelle du pancréas