Contribution à une étude de l'assimilation des lectures chez des écoliers à l'élémentaire

Au Québec, depuis l'avènement de l'ère de la réforme scolaire, que d'efforts, de remaniements, d'investissements n'a-t-on pas consentis pour doter la salle de classe de méthodes gratifiées de toutes les vertus, voire même d'infaillibilité, parce qu'on les disait "nouvelles" ou "actives"; pour attribuer à chaque milieu les équipements éducatifs, techniques, audio-visuels et récréatifs jugés indispensables; pour accorder à chacun une autonomie garante d'une ouverture sur le monde en constante évolution. Malgré tout, - et ce n'est là un secret pour personne - après quinze ans de révolution, les objectifs qu'on s'était proposés font encore figure d'idéal, les modes d'apprentissage sont encore aussi onéreux qu'inefficaces. Il y a là, incontestablement, plus qu'une erreur d'aiguillage : au coeur de cette période bouleversante et hasardeuse, n'a-t-on pas oublié de miser entièrement sur celui pour qui l'école existe? Et, s'il est vrai qu'elle existe pour l'enfant, toutes nos adaptations, toutes nos tentatives de mise à jour ne seront que parcellaires, et par là même, déficitaires tant qu'elles n'auront pas trouvé en lui leur justification véritable. Pourtant, en 1960 déjà, le Ministère de l'Éducation définissait admirablement bien l'école comme "un milieu de vie, un milieu où l'enfant apprend à mieux vivre, à mieux s'adapter, à mieux communiquer". Accepter d'emblée une telle définition, c'est s'engager sur une voie de changements qui, cette fois, ne s'attaquera plus aux structures; une voie qui défiera même les querelles de méthodes; une voie qui n'aura rien de spectaculaire puisque son radicalisme propre jaillit bien précisément d'une philosophie, d'une psycho-pédagogie de l'enseignement. Cette position, nous avons tenté de la faire nôtre, de l'actualiser durant de nombreuses années vécues avec les écoliers. Puis, au cours d'une année d'études, de réflexions et de recherches axées sur la pédagogie du français plus spécifiquement, nous avons pu découvrir les fondements psycho-pédagogiques qui confirment l'hypothèse déjà appréhendée dans la pratique de l'enseignement. De fait, il a toujours été assez probant pour nous que c'est à l'école des grands maîtres qu'on apprend, mieux, qu'on se sent appelé à devenir ce qu'on est vraiment. En d'autres termes, face au "savoir écrire" - objet de notre recherche - c'est formuler l'hypothèse que nous avons faite nôtre: appelé à goûter les chefs d'oeuvre littéraires, l'enfant saura y retrouver pour se l'assimiler, le style qui le fera évoluer et grandir dans le sens de son être propre. Pratiquement, pour l'éducateur, il s'agit donc de plonger les écoliers dans un bain linguistique tel qu'ils soient séduits et ne puissent, de ce fait, échapper à ce puissant phénomène d'imprégnation