Au Prisme de Rousseau

Plus quâaucun grand philosophe peut-être, Rousseau a fait lâobjet dâinterprétations contradictoires et de jugements partisans. Après la Révolution française et les critiques libérales ou contre-révolutionnaires, faut-il considérer le XXe siècle comme le temps de la critique érudite, enfin délivrée des passions révolutionnaires et du fardeau de lâidéologie? Contre cette vision illusoire dâune transposition de la polémique politique à la controverse savante, Céline Spector met en lumière les usages philosophiques et idéologiques de lâÅuvre de Rousseau depuis la guerre froide. Usages et non images : plutôt que dâétudier sa réception ou de proposer une historiographie de son commentaire, son ambition est de cartographier les usages de la conceptualité rousseauiste dans la philosophie politique contemporaine. Si le magistère dâopinion exercé par Rousseau pendant la Révolution française nâa plus lieu dâêtre, C. Spector démontre à quel point son autorité théorique régit toujours le débat philosophique, sa pensée offrant un horizon au sein duquel prennent sens les réflexions sur la démocratie, lâautonomie, la justice et la reconnaissance. Au-delà du renouveau du contractualisme, notamment dans lâunivers anglophone, les développements des analyses marxistes, libérales, straussiennes, communautariennes, républicaines, habermassiennes ou féministes se traduisent par un âretourâ à Rousseau. Depuis une trentaine dâannées surtout, le Citoyen de Genève est au cÅur de polémiques majeures: dans une constellation post-marxiste où le libéralisme lui-même est sur la sellette, son Åuvre recèle des trésors pour qui veut diagnostiquer les perversions et les maux des démocraties libérales. Introduction 1. Le prisme marxiste 2. Le prisme libéral antitotalitaire 3. Le prisme straussien 4. Le prisme rawlsien 5. Le prisme communautarien 6. Le prisme républicain 7. Le prisme de la théorie critique 8. Le prisme féministe Conclusion Bibliographie Index